Dans le train de Séville à Paris, un sexagénaire narre à ses compagnons de voyage incarnés par un magistrat, une mère de famille et un psychologue,.la passion fatale qui le lie à Conchita, une jeune espagnole jouée tantôt par Carole Bouquet tantôt par Angela Molina. Il évoque les débuts de sa rencontre avec la jeune femme qui ne cesse de le provoquer en évoquant les étapes de leur relation qui s'avère être des plus atypiques.
Le film dépeint la manière dont le couple de protagonistes s'infligent mutuellement des souffrances pour parvenir au plaisir. Conchita maitrise l'art de la séduction et ne cesse de fuir devant cet homme qui veut la posséder. Elle se rit de lui, ordonnatrice d'un jeu sadique avec sa plastique irréprochable elle sait qu'elle est objet de tous les fantasmes. Séductrice, femme fatale, tout au long du film Matthieu est le pantin de cette chimère, prisonnier de ses passions et de ses désirs, il ne peut se défaire de son emprise. Conchita l'humilie en permanence l'empêchant d'accédant à l'objet de ses fantasmes. Le bourgeois devient infortuné, il a beau dépenser son argent, combler la jeune femme de présents. Il ne parvient à obtenir ce qu'il souhaite réellement. Le réalisateur nous montre des personnages à tour de rôles en position d'infériorité. Si Matthieu aborde tous les signes d'appartenance à une classe sociale élevée et dominante, costume luxueux, voiture avec chauffeur et domestiques. Il devient l'esclave de la belle espagnole se soumettant à ses volontés.
Cette œuvre illustre aussi bien que le roman dont elle est tirée les effets du sadomasochisme dans les relations intimes. Le film démontre cette quête de la jouissance dans la souffrance qui s'imprègne à toute la société, de la sphère intime à la sphère publique. Le récit de Matthieu est approuvé par son auditoire qui symbolise tour à tour l'ordre moral, la loi et l'orthodoxie mentale de part leur profession.
Luis Buñuel dans ce film rejette toute notion de réalisme la mise en scène et théâtrale, il accorde une grande importance à la symbolique du sadomasochisme. L'incarnation du personnage par Carole Bouquet et Angelina Molina brouille les frontières du réelles et renvoie le cinéma à sa nature d'artifice où tout n'est que simulacre. Luis Buñuel semble avoir bien observé et analysé les femmes, Conchita toujours mystérieuse, femme enfant, femme inaccessible tantôt distante et froide. Une belle illustration de toutes les femmes qui se retrouvent et se jouent dans la femme.
On retiendra cette phrase "Tu vas voir les femmes ? N'oublie pas ton fouet !" prononcée à plusieurs reprises par le valet qui met en garde le vieux bourgeois de la monstruosité qui hante les femmes.
Tous sadomasochistes ?

Créée

le 29 oct. 2016

Critique lue 390 fois

1 j'aime

Xor Tox

Écrit par

Critique lue 390 fois

1

D'autres avis sur Cet obscur objet du désir

Cet obscur objet du désir
Sergent_Pepper
8

Les implosions perdurent

Après une indépendance d’écriture totale, Buñuel et Carrière reviennent à l’adaptation littéraire en choisissant La femme et le pantin de Pierre Louÿs, qui concentre des thématiques déjà largement...

le 19 févr. 2021

18 j'aime

Cet obscur objet du désir
-Marc-
5

"Et le désir s'accroit quand l'effet se recule"

Bunuel transpose le sado-masochisme de pierre Louÿs dans la lutte des classes. Au travers de ce bourgeois, c'est toute la société qui est masochiste. Ce grand bourgeois accepte toutes les...

le 5 mars 2014

15 j'aime

Cet obscur objet du désir
MrOrange
9

L'aboutissement d'une carrière.

Voilà le film-testament, le dernier film que Luis Bunuel a réalisé. Cet Obscur Objet du Désir est, d'après ce que je sais du style Bunuel avec les six films que j'ai vu de lui, est son oeuvre...

le 26 août 2012

13 j'aime

Du même critique

Cet obscur objet du désir
Lama_Des_Andes
8

Tu vas voir les femmes ? N'oublie pas ton fouet !

Dans le train de Séville à Paris, un sexagénaire narre à ses compagnons de voyage incarnés par un magistrat, une mère de famille et un psychologue,.la passion fatale qui le lie à Conchita, une jeune...

le 29 oct. 2016

1 j'aime