Les croisés, tu connais

Lucas Guadagnino a donc enfin sortie son "Challengers" après une campagne marketing et une promotion du film assez intense. Cette dernière plutôt centrée autours du désir et de l'émoi de nos trois personnages.

Ayant vu plusieurs fois le trailer du film, je dois dire que j'ai été assez surpris en constatant le nombre de sujet sociaux que le long-métrage pouvait aborder.

D'abord le triangle amoureux, d'une manière assez évidente car le film est construit autours de lui, et de façon assez maligne d'ailleurs. En effet, Guadagnino chosit ici de ne pas donner la possibilité à un personnage de prendre le dessus sur les deux autre (un piège dans lequel beaucoup poirrait tomber) ce qui rend ce scénario absolument prenant.

A l'image, celui-ci est représenté par le biais d'un match de tennis de seconde zone, Tashi Duncan au centre des spectateurs, observant chacun des deux joueurs de par et d'autres du terrain. Et pourtant, le réalisateur aura le courage par ses choix de mise en scène inventif de complètement déstructurer ce dernier et de nous faire perdre nos repères, j'y reviendrai plus tard.

Autre point et non des moindres : conscientiser les classes. Patrick est pauvre, participe à des tournois par nécéssité, et couche avec des femmes pour pouvoir dormir dans un lit chaud. Alt est quant'à lui très riche grâce à ses victoires, mais quasiment mutique ce qui laisse transparaitre dans un premier temps une certaine force de caractère et une sérénité assumée. Et puis le film avance, nous dévoile ses personnages et ne se privent pas de croiser les courbes.

Enfin, Guadagnino nous parle de la solitude, chacun des personnages évoluent en fait en décalage des deux autres. Cette bande son, qui semble assez insupportable dans les premières minutes car mal mixée et montée (volontairement je pense) est là pour nous le rappeler et souligne en permanence le décalage des besoins de chacuns. Ils se croiseront bien sûr mais (hormis à la fin du film) n'arriveront pas à faire corps ensemble.

Pour finir cette critique comment ne pas parler de cette mise en scène ? Dans un cinéma de Blockbuster qui se veut de plus en plus conventionel, cette dernière est extrêmement rafraichissante.

Guadagnino s'amuse avec les corps, la sexualité qui se dégage du tennisman ou de la tenniswomen. Le film transpire le désir et la sexualité dans chaque plan sans pour autant abuser de scène de sexe (loin de là), le réalisateur veut filmer l'émoi des premiers baisers, la force d'un désir intense.

Et puis il y a ici une réinvention de la façon dont on film un match de tennis, on se prend la balle en plein visage, on est la balle, et voilà que l'on nous montre le terrain en plongé pour finir face au public oú l'on joue avec les mouvements de tête.

Sauf que Tashi s'arrête pour regarder l'un et l'autre avec un rythme complètement différent du reste de la tribune, on nous raconte ainsi un autre récit.

Allez, nous pourrions être rabat-joie sur ces deux plans assez raté, l'un représentant une douche de sueur, l'autre un split assez dérangeant des deux finalistes séparés par Zendaya (qui porte enfin un rôle à sa mesure !!)

Mais peu importe car il y a ce dernier jeu, absolument délirant, absolument maitrisé, absolument inventif et absolument jouissif. Je pense qu'il faut savoir profiter de ces quelque séquences nouvelles que nous offrent les auteurs-réalisateurs de la veine de Guadagnino dans le cinéma actuel, car ces moments de libertés se font et se feront de plus en plus rare.