Dans ce cinéma Instagram, on mise plus sur les effets de style et les ralentis que sur la transmission d'un propos. On comprend les intentions du réalisateur pour ses personnages, avec cette sportive de haut niveau qui se voit projetée face à sa frustration d'être tombée aux portes de son avenir tout tracé, qui nourrira toute sa vie ce sentiment d'échec et cette éternelle question de ce qu'elle aurait pu être si elle s'était pas vrillé le genou, et qui se retrouve face à ce duo d'antagonistes personnages fonction, avec d'un côté celui qui, lui, l'a cet avenir mais semble n'en avoir rien à faire et ne se bat pour lui, et celui qui a le même état d'esprit qu'elle mais n'y arrive pas. Mais le problème, outre ces personnages un peu caricaturaux écrits sur un post-it, c'est que Luca Guadagnino ne les filme pas ses intentions, il ne montre pas comment elle tombe amoureuse, si elle tombe vraiment amoureuse d'ailleurs, il ne montre pas cette frustration, ce tunnel dans lequel elle s'enferme, ce désespoir enfoui qu'elle tente de cacher tant bien que mal. Il préfère filmer des dialogues punchlines qui n'ont ni queue ni tête au lieu de filmer des sentiments, il fait joujou avec ses effets de caméra dans un m'as-tu-tu qui devient proprement insupportable dans la fin du film, bref, il fait du TikTok en haute définition.