Tchin, tchin!

C’est vrai, ce « Champagne » n’a pas inventé l’eau tiède cinématographique (ni les bulles). Oui des comédies dramatiques qui prennent le chemin du film de potes comme celui-ci on en a déjà vu des dizaines à la pelle. On pense bien sûr, pour le plus récent et le plus connu d’entre tous, aux « Petits mouchoirs » ou, encore et plus anciennement dans le temps, à « Mes meilleurs copains ». Il y a aussi eu le plus méconnu mais très beau « Avant qu’il ne soit trop tard » il y a une douzaine d’années. Oui, ces histoires de réunion d’amis entre coups de gueule, rires, larmes, coucheries, secrets inavoués et grandes réflexions sur la vie sont presque un genre en soi, un genre très présent dans le cinéma français qui peut finir par tourner en rond tant ce type de productions pullulent sur les écrans. Et enfin oui, en général, ces histoires peuvent compter sur un casting de têtes connues plus ou moins prestigieuses que l’on prend plaisir à voir interagir ensemble. En somme, on est en terrain connu, voire déjà-vu, et ce n’est pas ce long-métrage qui va révolutionner le genre, encore moins le cinéma.

Mais, dans son domaine, il est plutôt réussi et fait passer un moment plus que sympathique. On aimerait tous avoir une bande de copains comme celle-ci et parfois on aimerait traverser l’écran pour partager ses moments avec eux, notamment lors de la scène de fête et de danse assez communicative. La bande d’acteurs présente ici développe une homogénéité admirable dans la dynamique de groupe et ils sont tous plutôt justes. Cependant, l’écriture des protagonistes est parfois brinquebalante car certains sont plus développées que d’autres ou mieux écrits. Et certains comédiens tirent plus leur épingle du jeu que d’autres dans film au casting peut-être trop chargé. Le scénario aurait peut-être gagné à en supprimer deux ou trois pour faire respirer les autres. Par exemple, le personnage de Testud est intéressant mais sacrifié quand celui de Marie-Julie Baup est inexistant ou que celui de Demaison s’avère un peu caricatural. On retiendra surtout le couple formé par Valérie Karsenti, qui offre la prestation la plus délicate, et le toujours impeccable Eric Elmosino. Son duo amical avec un Stéphane de Groot tout aussi juste est admirable.

En revanche, « Champagne! » peut se targuer d’une belle mise en scène qui s’éloigne de l’illustratif et du statique que l’on peut reprocher à ce type de films. Nicolas Vanier, qu’on n’attendait pas là et qui est plus habitué aux films familiaux mettant en scène des animaux (le premier et très beau « Belle et Sébastien » ou « Loup »), offre de superbes images de la région Champagne entre plans de coupes aériens faits par des drones sur les vignes environnantes et images soignées dans les séquences avec les acteurs. Certaines sous-intrigues semblent ne pas avoir de conclusion, ce qui peut être frustrant, mais l’ossature principale, certes banale, fait le job. On sourit beaucoup, on est un peu ému et la morale sur l’amitié n’est pas trop martelée. On peut dire que l’on passe un bon moment et que c’est un film chaleureux et qui fait du bien.

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