Si Neill Blomkamp nous avait largement séduit avec son District 9 sorti en 2009, on a tous vite oublié le pas très bon Elysium sorti il y a deux ans. Désormais attendu sur la franchise Alien, que sa passion pour la science-fiction et sa maitrise de la caméra pourraient bien sauver à condition qu’il se laisse aider sur l’écriture du scénario, il livre aujourd’hui un tout autre film, Chappie, basé sur son propre court-métrage.
En 2004, il réalisait en effet un court montrant un policier robot déambulant dans les rues de Johannesburg. Beaucoup de réalisateurs, quand ils commencent une carrière, se contentent du court métrage faute de moyens mais pensent au long dans leur tête. De fait, en tournant Tetra Vaal, le metteur en scène avait probablement des bouts de l’histoire de Chappie coincés dans un coin de son cerveau, attendant le bon moment pour le mettre en image.

Était-ce pour autant une bonne idée ? Pas si sûr…

Le film s’ouvre sur un journal télévisé nous présentant la situation : nous sommes dans un futur proche où la police de Johannesburg s’est mise à utiliser des robots policiers pour grossir des rangs humains débordés par une situation de crise. Le faux reportage sert d’introduction pour nous présenter différents personnages : le jeune scientifique ayant développé le robot en question, nerd fou d’intelligence artificiel (Dev Patel), sa chef incarnée par Sigourney Weaver ou encore l’ingénieur concurrent, un ex-militaire qui veut de l’armement lourd tout en gardant le contrôle de sa machine (Hugh Jackman). Il faut ajouter à cela une bande de malfrats incarné par les membres du groupe de rap sud africain Die Antwoord qui, devant de la thune à un caïd, décident de séquestrer le scientifique pour lui faire mettre au point de quoi stopper les robots. Lui, pendant ce temps, bossait sur l’intelligence artificielle de ses créations voulant leur insuffler une âme. Il va donc leur proposer de mettre au point Chappie, un robot intelligent capable d’apprendre tout seul qui pourrait leur venir en aide (et il sauverait ainsi sa peau).

S’il flotte un air de déjà vu sur la ribambelle de personnages, le problème du film vient surtout des défauts d’écriture. C’est bien simple : tout le monde prend des décisions totalement stupides tout au long de l’histoire. Les méchants, qui ne le sont finalement pas tant que ça, n’hésitent pas une seconde à accepter le plan du geek et le laisse partir, le personnage de Jackman fait en permanence n’importe quoi et son entourage n’est pas en reste.
Dev Patel peut voler une clef USB de sécurité ultra importante sans que personne ne s’inquiète de rien, il laisse même le placard ouvert. Hugh Jackman veut utiliser son super robot sur-armé, aucun souci pour le faire en étant absolument seul dans une usine géante. Ne parlons même pas des fameux méchants qui font n’importe quoi de leur potentiel otage, préférant se mettre à jouer les nounours pour robots plutôt que de soutirer une vraie solution à l’informaticien.

Bref, c’est un bordel pas possible. Il se dit que le tournage a été un enfer et que Blompkamp a dû réécrire pas mal de choses sur place, ce qui se sent dans l’histoire. Il faut dire que le groupe Die Antwoord était manifestement ingérable. Quelle mouche a pu prendre le réalisateur de les embaucher, sachant qu’ils en avait déjà la réputation ?
Ajoutez à cela des acteurs totalement à la ramasse (Jackman n’a jamais aussi mal joué), un thème musical pompé sur Terminator et quelques scènes finales bien ridiciules et on pourrait se demander ce qu’on fait dans cette galère.

Pourtant, il se dégage de Chappie quelque chose qui le rend supérieur à Elysium, sûrement parce que l’ensemble finit par mieux se tenir (c’est dire !), parce que le robot se révèle finalement être sympathique à travers son histoire d’apprentissage ressemblant à une version gangsta-rap d’A.I. ou parce que Dev Patel est épatant et mériterait d’autres premiers rôles. Le ratage n’est donc pas aussi complet que pour le film précédent de Neill Blomkamp. Reste maintenant à espérer qu’il prenne d’avantage soin de l’écriture quand il s’attaquera à Ripley et ses xenomorphes.
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le 5 mars 2015

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