Show Me What You Got, Fred
The Education of Charlie Banks est le premier film de Fred Durst, alias le chanteur de Limp Bizkit. Forcément, ça fait un peu peur d'entrée de jeu, mais quand on s'intéresse de plus près au rappeur à la casquette rouge, on se rend compte qu'il n'est pas aussi abruti qu'on pourrait le penser, bien au contraire. Fred Durst possède une vraie vision du cinéma, et il ambitionne depuis le début des années 2000 de rivaliser avec David Fincher, rien que ça.
Pour se faire la main, "Freddy D" a réalisé quelques clips pour KoRn, Puddle of Mudd et Limp Bizkit, et contre toute attente, ce premier essai cinématographique n'est pas une horrible bouse destinée au public "white trash" américain. C'est même tout le contraire : ce film indépendant est d'un classicisme surprenant, et par bien des aspects, il rappelle le cinéma à petit budget des années 70. Le rythme est lent, les acteurs n'hésitent pas à badiner, et à aucun moment le réalisateur aux yeux bleus ne tente de faire dans l'esbroufe visuelle. Les personnages sont au cœur de l'intrigue, et avec Jesse Eisenberg et Jason Ritter au casting, on peut dire que l'ami Fred a eu le nez creux : Jesse Eisenberg semble répéter son rôle d'étudiant mal dans sa peau 2 ans avant The Social Network, tandis que Jason Ritter joue les tough guys à l'ancienne de manière plutôt convaincante.
Malheureusement, cela ne suffit pas à en faire un bon film. Les prises de son sont souvent approximatives, l'histoire est loin d'être passionnante et le rythme est beaucoup trop mou. Fred Durst a certes évité le naufrage kikoolol que beaucoup lui prédisaient, mais avec ce film relativement fade, il n'a pas encore véritablement gagné ses galons de réalisateur.