Je viens de m’offrir coup sur coup deux films (La grande ville et Charulata) de Satyajit Ray mettant en vedette Madhabi Mukherjee. Deux solides coups de cœur. Le premier pour la simplicité, la profondeur et l’intel-ligence du récit et la qualité de la réalisation. La seconde par sa manière unique de livrer l’âme de son personnage en vivant chaque seconde de l’action. Madhabi Mukherjee incarne deux épouses qui remettent en question leur condition de femme et d’amoureuse mais qui par leur sensibilité et leur intelligence vont susciter une prise de conscience chez leur mari. Les deux films se concluent par le renforcement de la complicité à l’intérieur du couple qui leur permet de reprendre solidairement la route. À travers l’éloi-gnement matrimonial de Charulata et Bhupati, l’auteur souligne l’importance de la place que l’on devrait accorder à l’art dans nos vies. En se consacrant aveuglément à la politique, Bhupati se prive de beauté et de la richesse des sentiments. Lorsqu’il le réalise, il est catastrophé. Heureusement pour lui, son épouse se résigne au départ de son poète et trouve le courage de donner une seconde chance à son mari repenti. La grande qualité de Satyajit Ray réside dans sa manière de capter l’émotion de ses personnages et de donner du sens par l’image. Il est vrai que le regard et le talent unique de Madhabi Mukherjee y contribuent grandement, mais à voir les œuvres qui les unissent, j’ai l’impression que le succès de chacun tient au talent de l’autre. Le résultat est marquant.