oct 2012:

Je ne m'attendais pas à être déçu par ce film. Entre Bonitzer et la distribution combien de noms promettaient un film fin et enthousiasmant? Finalement, je me suis presque ennuyé. Le terme qui m'est apparu comme une évidence à la sortie de l'Utopia fut "léger", dans le mauvais sens du terme, plus proche de la futilité, évoquant un manque, une présence défaillante, un os en moins.

Autour du héros joué par Jean-Pierre Bacri, j'ai cru voir beaucoup trop de personnages vides, mal dessinés, des caricatures, à commencer par celui qu'interprète Kristin Scott Thomas. Elle est la femme très frivole, plutôt infantile, épouse désordonnée, sujette à l'hésitation adultérine. Son attitude a quelque chose d'inconstant et donc de pénible. Ce n'est pas vraiment la faute de la comédienne, mais bel et bien du scénario mal foutu. On peine à comprendre par exemple comment personnage de Bacri a pu vivre et faire un enfant à cette femme. Ça ne colle pas. De même, leur enfant est une caricature de pré-ado encore très puéril, dont la grossièreté serait le signe de la maturité à venir, mille fois archivu ailleurs.

Claude Rich a un personnage que l'on a envie de suivre et d'aimer, alors qu'il se révèle imbuvable et tout aussi puéril que les autres, et ses "absences" contribuent moins à faire sourire qu'à le rendre finalement peu crédible en ponte du Conseil d’État. Encore une de ces incohérences qui m'extirpent violemment du récit.

Pareil pour Isabelle Carré, stéréotype de la fille incapable de mettre un peu d'ordre dans sa vie amoureuse, pas mal paumée, un peu conne peut-être, en tout cas une proie facile pour les emmerdes en pagaille.

On pourrait continuer ainsi avec pratiquement tous les personnages, trop fragiles : Philippe Duclos, le fameux "Hortense" en politicard bouffi d'hyper-cynisme, Jackie Berroyer en looser bafouillant ses sentiments, etc. Par conséquent, je m'interroge sérieusement sur le ton, ainsi que la portée qu'ont voulu donner Bonitzer et sa co-scénariste Agnès de Sacy au film. On serait tenté de considérer le film comme une gentille comédie de mœurs traitant des atermoiements affectifs d'une bourgeoisie qui s'ennuie, mais ces approximations dans l'écriture font penser à une fable dans laquelle on peut s'asseoir sur les cohérences, où les clichés servent à étayer un propos a priori moral mais finalement très léger (tiens, le revoilà ce terme), tellement léger qu'il peut être oublié assez rapidement.

Je ne sais pas où se situe le film, ce qu'a voulu faire Bonitzer. Quoiqu'il en soit, cela n'a jamais réussi à éveiller en moi quoique ce soit de bien folichon. D'où la déception, car je comptais beaucoup sur le scénario et les dialogues de Bonitzer que j'ai connus autrement plus subtils et plus riches surtout plus mystérieux, notamment dans "Rien sur Robert", "Petites coupures" et "Le grand alibi". J'espérais plus de Bacri évidemment, mais son personnage tourne malheureusement à vide, c'est déjà bien qu'il soit parvenu à le rendre vivant.
Alligator
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le 20 avr. 2013

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