Citizen Kane, le chef d’œuvre d’Orson Welles

Considéré comme l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma, cité par Kubrick et Spielberg comme l’un de leur film de référence, Citizen Kane est le chef d’œuvre absolu d’Orson Welles. Nous sommes en 1940, c’est son premier long métrage et il n’a alors que 25 ans !

Le point de départ de Citizen Kane ? Le milliardaire et magnat de la presse Charles Foster Kane vient de mourir dans son somptueux palais de Xanadu. Dans un dernier souffle, il laisse tomber sur le sol une boule en verre remplie de fausse neige, en prononçant un énigmatique dernier mot « Rosebud », qui va attiser la curiosité de la presse. Un journaliste, Thomson, est chargé de mener l’enquête auprès des personnes qui ont côtoyé Kane, à différentes époques de sa vie.

Ce qui est novateur pour l’époque, ce qui va marquer des générations de cinéastes, c’est la manière dont Orson Welles va raconter son histoire. Pas de narration linéaire. Pas de faux suspens. Le film débute par une scène très courte, devenue culte depuis : la mort de Charles Foster Kane laissant échapper la fameuse boule. Puis, s’ensuit un reportage télévisé, sous forme de nécrologie, retraçant la vie de ce grand personnage public (Orson Welles incarne d’ailleurs à la perfection le charismatique Kane à différentes époques). En quelques dizaines de minutes, nous savons tout de la vie de Charles Foster Kane : son enfance loin de sa mère, comment il est devenu un grand magnat de la presse, sa carrière politique avortée, ses deux mariages, les dernières années de sa vie, seul dans son immense manoir.

Orson Welles propose une sorte de sommaire de son propre film. Puis il entame une seconde narration, à travers une série d’interviews menées par Thomson, pour tenter de révéler l’homme derrière le personnage public. Ces témoignages entraînent une série de flashbacks qui, mit bout à bout, vont lever peu à peu le voile sur Kane, sa personnalité et ses relations avec son entourage. Le flashback n’est pas une innovation d’Orson Welles mais c’est l’utilisation systématique de ce procédé pour retracer la vie de Kane qui fait l’originalité du film.

Malgré les efforts du reporter pour connaitre la vérité sur Rosebud, il n’apprendra rien. Seul le spectateur (dernier plan) comprend le sens des dernières paroles de Kane, grâce à la caméra toute puissante de Welles, qui voit tout, qui sait tout. Le réalisateur nous délivre un message plutôt pessimiste : Que sait-on vraiment de la vie d’un homme ? De ce qui importait vraiment pour lui ? Nous mourrons seuls et notre vrai « moi » demeure inconnu aux yeux des autres, même de ceux qui ont partagé notre vie.
CaroleBS
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le 23 août 2012

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