Même si le film n'évite pas toujours de tomber dans les écueils du biopic traditionnel (flash-backs grandiloquents, Claude François qui parle au fantôme de son père, des larmes de bonheur au coin des yeux, dans un décor coulissant qui donne le tournis), il n'en demeure pas moins que "Cloclo" est un film entraînant et divertissant, qui offre le bonheur d'une époque retrouvée, sans parler de la performance de Jérémie Renier, parfait, comme souvent.

L'enfance du jeune Claude, le déchirement avec l'Egypte, la déchéance d'un père blessé dans son orgueil, le drame d'un fils renié par son paternel tyrannique et intolérant, l'omniprésence d'une mère à la fois adorée et détestée, la complicité de Claude avec sa soeur, son twist légendaire esquissé dès l'enfance... Tous les ingrédients sont présents pour poser les jalons de l'ascension d'une future légende : Cloclo !

Le film montre aussi bien les débuts difficiles et les histoires d'amour chaotiques d'un Claude François déjà maladivement jaloux, que sa gloire fulgurante. De plus, la légende n'est pas épargnée : le chanteur, montré comme chétif, complexé, voire obséquieux à ses débuts, n'est pas irréprochable. Tyrannique comme son père, obsédé par la réussite, autoritaire, maniaque, possessif, hyper actif, dépensier, infidèle, intransigeant et parfois violent : la star, sans être déboulonnée pour autant, n'est pas non plus canonisée. Ce biopic a le mérite d'être honnête malgré l'hommage qu'il rend à Claude François.

Sous nos yeux, la légende revit : entre ses tubes incontournables, ses costumes rutilants, ses chorégraphies survitaminées, ses claudettes, ses refrains qui donnent envie de danser, son teint carotte, Claude François se réincarne littéralement sous les traits de Jérémie Renier, qui a fournit une masse de travail considérable au niveau du mimétisme et des performances scéniques. Tantôt niais, tantôt hystérique, le petit Claude François s'agite et se déploie sous nos yeux, infatigable, et l'acteur Renier sue comme une icône enchristée.

La scène de la mort de Cloclo, dont on connaît tous les circonstances, est l'une des plus réussies : on a beau le savoir, on espère que cela n'arrivera pas. En cela, Florent Emilio-Siri sait faire monter le suspense : lampe qui grésille, plans sur les robinets, puis sur le visage de Claude François, on attend, le souffle court, que le drame arrive, comme un terrible glas. Séquence particulièrement intense.

Enfin, le film montre également l'acharnement avec lequel une star, si connue soit-elle, se doit de rester dans la course, sans jamais relâcher ses efforts : on traverse ainsi toutes les modes, du twist au disco en passant par les influences noires américaines, sans oublier Sinatra, la légende, l'idole, le maître incontesté. C'est donc un vrai bonheur de pouvoir se replonger avec jubilation dans toute la discographie de Claude François en revisitant tous les plus grands courants musicaux de l'époque.

En un mot, que l'on soit fan de Cloclo ou non, ce film vaut la peine d'être vu, pour la composition de Jérémie Renier, la nostalgie d'une époque, la mise en scène réussie (malgré quelques effets parfois pompeux) et la bonne humeur avec laquelle on ressort de la salle, presque en sautillant.

williamblake
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le 23 mars 2012

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williamblake

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