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7.1
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Film de Lukas Dhont (2022)

Moi c’était l’année de mes 11 ans. Un samedi matin. J’étais comme d’habitude sorti dans la rue avec mes figurines pour m’amuser avec mon voisin, plus jeune, mais je n’ai pas pu. Je n’ai pas réussi. Je ne savais plus comment jouer. Je devenais un ado, davantage préoccupé par les relations sociales, les potes, ceux de mon âge, que par mon petit voisin et mes jouets, que j’ai remisé dans un carton.

C’est ce qui arrive à Léo et Rémi. Deux copains inséparables, qui ont grandi ensemble, comme des frères, mieux que des frères même puisqu’ils se sont choisis. Mais l’un grandi plus tôt, plus vite, et commence à souffrir du regard des autres, se sentant en décalage, et préfère s’éloigner de ce copain fusionnel devenu encombrant, qu’il décide lui aussi de mettre dans un carton.

Ce film m’a déchiré le cœur en deux, retourné les tripes, sans que je m’y attende. Porté par ce récit d’une amitié parfaite, sincère, de deux petits gars qui s’aiment de manière inconditionnelle, comme seuls les enfants savent le faire, je me suis laissé avoir, volontairement, refusant de les voir se déchirer. Mais c’est l’âge ou tout est un drame, où tout est plus gros, plus fort, plus douloureux. Il n’y a pas de place pour un entre deux mitigé. Pas de place pour un compromis. Eux qui se connaissaient tellement bien qu’ils n’avaient même plus besoin de se parler pour se comprendre, deviennent deux inconnus l’un pour l’autre, et ce silence va gangréner leur amitié.

Les deux jeunes acteurs, superbement dirigés, m’ont transporté dans le récit, dans leur histoire, me renvoyant à mon enfance, aux séparations, aux déceptions, à ces dos tournés, ces trahisons considérées comme des tsunamis alors qu’ils s’agissaient des battements d’aile d’un papillon.

Et la caméra de Lucas Dhont filme cette douleur à hauteur de gamins, sans en rajouter, s’attardant sur les visages en gros plans, sur les yeux, laissant l’émotion gagner les personnages et les spectateurs. Et même si le dernier tiers du film m’a quelque peu déçu, manquant de finesse d’écriture et d’inspiration par rapport au reste du récit, bien plus habité, l'ensemble n’en reste pas moins d’une douceur et d’une dureté incroyable, et cette oeuvre restera des celles qui marqueront ma mémoire.

Un gros coup de cœur et des bonnes grosses larmes des familles.

lepetitbreton
8
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le 21 nov. 2022

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lepetitbreton

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