Cloud Atlas - une brève histoire du temps
"Cloud Atlas" nous conte six histoires entremêlées se déroulant sur six époques de 1849 à 2321 , et se partageant le même casting, c’est le pari fou des auteurs de Matrix et du Parfum.Pari réussi ou échec monumental?
On trouve dans "Cloud Atlas" un thriller paranoïaque des années 70 où une journaliste (Halle Berry) enquête autour d'une centrale nucléaire,une révolution de clones dans le new Seoul de 2144 , une comédie British qui voit un éditeur (Jim Broadbent) tentant de s'échapper à ses créanciers, un drame intimiste à la James Ivory sur un musicien homosexuel (Ben Whishaw) dans l'entre deux guerre, le voyage à travers le pacifique d'un jeune avocat (Jim Sturgess) en 1849 et enfin la lutte de Zachary (Tom Hanks) dans un futur post apocalyptique.
Cette accumulation d'éléments disparates pourrait sembler confuse (cf- toute la filmographie de Claude Lelouch adepte de ses fresques à travers le temps, toutes ratées dans son cas!) et pourtant, par la grâce d'un montage exceptionnel la narration est fluide, les scènes s’enchaînent passant d'une ère à l'autre donnant un rythme non seulement à chaque histoire mais aussi à l'ensemble du film.Tels les mécanismes d'une délicate horloge ou les mouvements de la symphonie Cloud Atlas.
Chaque segment n'est pas un simple sketch mais bien un film complet qui se suffirait à lui même si on le démêlait de la construction des Wachowski et Tom Tykwer. Les cinéastes se partagent équitablement les époques : 1849,2144,2321 pour les Wachowski et 1936,1973,2012 pour le réalisateur allemand.Pourtant le style est parfaitement homogène, toutes les histoires bénéficiant de l'excellence technique en termes de photos, décors , costumes ou effets spéciaux.
Cette homogénéité est renforcée par la performance de neuf comédiens se partageant quasiment tous les rôles tour à tour protagonistes ou simple figurant, grimés tel Peter Sellers sans jamais sombrer dans le ridicule. Ils incarnent ses âmes en perpétuelle collision alors qu'elles de déplacent à travers le temps parfois constantes dans la bien (Halle Berry et Jim Sturgess) ou le mal comme Hugh Grant (qui eut cru possible le voir un jour dans un rôle de cannibale de 2321 ?) et Hugo Weaving immortel agent Smith de Matrix (qui eut cru le voir en infirmière sadique ?). D’autres oscillent entre ces deux pôlarités tels Jim Broadbent ou Tom Hanks dont on ressent le plaisir à se transformer ainsi.
Véritable tour de force narratif et visuel, l’ambitieux Cloud Atlas c’est du pur cinéma 9/10