(Contient beaucoup de SPOIL) Hommage au cinéma qu'il est rare de nos jours...

Les frères Wachowski ou devrais-je dire maintenant, "frère et soeur", reviennent, cette fois-ci accompagnés de Tom Tyker pour nous livrer un film indépendant (mais à gros budget) adapté d'un roman. "Cloud Atlas" écrit pas David Mitchel.
N'ayant pas eu la chance de lire le roman, je ne pourrais pas dire si oui ou non, c'est une bonne adaptation. Même si je rappelle, qu'une adaptation reflète la personnalité des réalisateurs, la "façon" dont ils voient l'oeuvre et, peut donc, être totalement en désaccord avec la majorité des ressentit.

Cloud Atlas racontent six histoires "différentes" dans six époques différentes. Autant dire que cela peut être très bien amené, mais tout aussi casse gueule. Ne vous en faites pas, ici, c'est de toute beauté.
On commence d'abord "lentement" dans un ordre chronologique. Puis au fur et à mesure que le film avance, le montage se fait plus rapide, les Cuts s'enchaînent et les époques sont mélangées. Au départ tout porte à croire qu'aucunes histoires n'est liées. Au fur et à mesure on se rend compte, qu'il y a un effet papillon derrière et qu'au final, chaque point important de l'histoire des personnages ont un impact sur la vie, même indirectement, des autres personnages.
Par ailleurs, ce montage parallèle, maîtrisé de bout en bout, on l'on doit à Alexander Berner qui a su pleinement tirer parti des différents plans !
Bien évidemment, on sent tout de suite l'hommage au grand réalisateur D.W.Griffith pour son film "Intolérance" et son montage parallèle. C'est grâce à lui que l'on doit ça.
De plus, on sent tout de suite la volonté des réalisateurs de critiquer la société d'aujourd'hui, futur, mais aussi passé.
On passe d'une époque où l'esclavage est toujours présente, où un noir essai de prouver sa valeur sur un navire pour rester en vie. On enchaîne derrière avec Sonmi 451, clone serveuse chez "Papa song" qui avec l'aide de Hae-Joo Im s'échappe donc de sa vie de clone pour être libre et montrer l’atrocité qui se cache derrière cette histoire de clone.. On y découvre que les serveuses ayant finie leur contrat ne sont pas libérées, mais tuées et deviennent par la suite du "Savon" (de la nourriture) pour les autres clones. Tient, elle essaie de ne plus être un numéro et de montrer au monde ce qui se passe. J'y vois ici, une critique de la seconde guerre mondiale.. (Et oui il en faut peu, mais...) On a une société qui contrôle un peu tout, dans le "Néo Séoul". De là, on a des clones portant un numéro (Les camps...) et à la fin deviennent ce que l'on appelle du savon... (Il me semble que... Enfin, vous voyez, dans les camps, ce que l'on faisait subir aux Juifs... bref...) Et bim juste derrière on enchaîne sur époque avec un musiciens, gay, époque qui se déroule, pendant la montée du nazisme... Et ça s'enchaîne comme ça tout le long avec les différentes époques.

Bref, une pure critique de la société, une critique que l'on pourrait comprendre comme ceci "Quoique l'on fasse, quoique nous essayons de faire, nous reproduisons toujours la même chose"... (Ce n'est bien évidemment qu'un ressentit en voyant le film).

Passons à la photographie.
Nous devons cette belle photo à John Toll et Frank Griebe et oui, deux directeurs photos. Choix plutôt rare, seul Danny Boyle avait fait appel à deux D.O.P pour son film 127 hours.
Ici, la lumière est vraiment très bien travaillée. Particulièrement celle de l'époque 1846; 1931 et de nos jours avec l'histoire du petit éditeur.
J'ai par contre trouvé parfois, des petits problèmes de raccords, en effet, nous avons le droit à un personnage qui sort gauche cadre. Et sur le plan suivant il rentre gauche cadre... C'est perturbant pour l'oeil. En effet, en général, quand un personnage sort gauche cadre, on le fait rentrer droite cadre. Surement une petite erreur ou alors un inversement de plan pour x raisons.
Cela dit, les plans sont remarquables, de toute beauté, particulièrement les close-up avec un fort contraste. Vraiment très beau.
C'est assez plaisant de voir le travail sur la température de couleur durant les différentes époques. L'étalonnage est maîtrisé, quand on passe d'une couleur plutôt chaude (époque 1846) à une couleur froide (Neo-Séoul) la transition n'est pas du tout agressive et se fait sans problème. Cela renforce d'ailleurs bien l'ambiance qui s'y dégage.

En somme. Cloud Atlas, c'est un peu le Holy Motors Américano-Germano. En effet, ici, les réalisateurs ont osés faire un film différent de ce qui se fait, ils ont osés faire quelque chose de complètement sorti de l'ordinaire. C'est vraiment plaisant à voir. On suit les "aventures" de chaque personnage avec attention (mention spéciale à l'histoire de Cavendish, qui je trouve, ne manque pas d'humour anglais et vraiment très bonne). On se laisse bercer par le montage, la musique, qui est sublime et de magnifiques plans !

Cloud Atlas est réussi. Intelligent, montage à la perfection, mise une scène irréprochable. D'ailleurs en parlant de la mise en scène, ici, chaque acteurs jouent environ six rôles différents. Un homme joue une femme et vis versa. Ce n'est pas nouveau vous allez me dire, oui dans les pièces chinoises ou japonaises de l'époque, les hommes jouaient les femmes. Ou même dans autres opéra. Mais, de nos jours, c'est rare et remarquable. La seule fois où j'ai pu voir ça récemment, c'est dans... Holy Motors justement...
Un magnifique hommage au cinéma et à l'art.
KevinTudeau
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le 13 mars 2013

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KevinTudeau

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