Les paradoxes du Soleil qui font de moi... un Comanche

Tout d'abord un grand merci à #senscritique pour cette soirée inattendue, enrichie d'une rencontre avec David MACKENZIE et Warren ELLIS.
Je ne rentrerai pas dans le synopsis que d'autres font tellement mieux que moi. Je dirais simplement que COMANCHERIA est une de ces perles que l'on pourrait supposer et qui s'avèrent vraies.
dans ce film de David MACKENZIE, l'humour y côtoie la rudesse des paradoxes. Comme il s'est plu à le dire le froid de son Ecosse natale a flirté le temps du tournage avec les chaleurs et la lumière zénithale de Nouveau-Mexique (lieu du tournage). Car il fait chaud au pays des armes, il y a des frères au pays des ennemis de toujours, et pour toujours, et surtout le Texas, aussi personnage principal du film, état qui, devant l'Eternel, est plus que tout sujet aux poncifs, vient ici prendre toute sa dimension. Ils sont amusants ces hommes armés qui prêtent leurs armes aux forces de l'ordre, elles sont cocasses ces femmes prématurément vieillies par le soleil et l'air sec du désert au phrasé viril et à la maîtrise incontestée.
Et je me questionne avec les personnages, que j'ai adoré détester, autant que j'ai détesté les aimer, peut-on aimer son ennemi désigné ? Peut-on haïr celui qui nous reflète dans le miroir, celui qui nous permet de nous voir, de nous reconnaître, d'exister ? Peut-on supporter l'autre, vivre avec... ou sans ?
Nombres d'idées reçues sont balayées dans l'histoire, mais aussi sous la verve de Jeff BRIDGES, alias Marcus HAMILTON, ranger de son état, dont certaines répliques ou postures furent improvisées par le comédien et conservées par le réalisateur, nous a confié hier soir celui-ci.
Les armes, grandeur et décadence du port d'arme généralisé ; la famille décomposée et jamais recomposée tout à fait ; il y est aussi question de transmission du père au fils, transmission des valeurs, de la construction par identification, mais aussi par opposition ; il est question d'alcool, de bière ; il s'agit de la colonisation, du racisme, de la capture de l'espace aux Comanches, faisant de leurs temps des temps révolus, comme l'est aujourd'hui celui des braquages à la Sergio LEONE, mais aussi celui de cet homme blanc et de ses croyances ; il est aussi question de loyauté, un peu d'amour aussi, mais surtout de fraternité, de la valeur de l'amour fraternel autant que du complexe fraternel, celui qui n'a rien, ni famille ni morale à priori, celui-là peut se sacrifier l'âme en paix pour que vive l'autre, car il n'y a pas de place pour deux sur cette terre/Terre, et surtout pas de place pour celui qui ne se la reconnait pas.
Il m'a semblé que quelque chose d'un ADN commun à ceux de TARANTINO et des frères COEN, que j'impute volontiers à la présence de Jeff BRIDGES, semble couler dans les veines pétrolifères de ce long métrage bien agréable à regarder, et qui gratte un peu à l'infusion !


Pas de prêt-à-penser No "ready to think - ready to believe" dans ce film que David MACKENZIE a courageusement qualifié de film commercial. Il s'agirait plutôt, selon moi, d'un film grand public, éducatif, historique, initiatique, au sens où si tu veux en savoir plus alors tu en auras envie. Un film où même la musique a de l'humour, la belle BO de Warren ELLIS et Nick CAVE.


Comanche signifierait "ceux que nous combattons toujours" ou encore "ennemis de toujours" ou "ennemis pour toujours", je vous invite, pour ma part, à vous arrêter sur cette scène au casino, qui a retenu mon attention entre Bill, alias Ben FOSTER et son partenaire de poker, cette scène-là et le titre, qui est le titre original du film, dixit David MACKENZIE, forment me semble-t-il l'essence des paradoxes que nous offre le film.


Un grand merci à David MACKENZIE pour ce film qui nous offre l'occasion de réfléchir, d'imaginer ce qu'il adviendra des personnages après que le générique de fin soit pour nous tombé, merci de croire encore en notre intelligence créatrice et de nous offrir un peu de lumière dans ces sombres moments.


Bonne séance :)

Agyness-Bowie
8
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le 6 sept. 2016

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Agyness-Bowie

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