Comment j'ai appris à surmonter ma peur et à aimer Ariel Sharon par ArthurPorto
Film sur le réalisateur qui veux faire un film sur Sharon!
C'est en 1996 qu'Avi Mograbi, décide de suivre Ariel Sharon, au moment où débute la campagne électorale qui amènera au pouvoir pour la première fois Benyamin Netanyahou. Il nous montre alors les préparatifs, sa recherche pour entrer en contact avec Sharon et l'évolution de son projet de film. Se souvenant du massacre de Sabra et Chatila, il veut montrer les dessous du monstre... [en septembre 82, après cette violence, la responsabilité personnelle de Sharon (alors ministre de la défense) est évoquée par la Cour Suprême l'obligeant à démissionner et à se retirer -temporairement- de la vie politique].
Et c'est là que progressivement le réalisateur-reporter va faire connaissance avec l'homme qui conduit une campagne sans relief, avec des discours convenus et sans nouveauté, appelant à voter pour Bibi (Netanyahou). Ce contact, cette entrée dans une intimité -mesurée tout de même- va faire qu'il finit par trouver l'homme gentil, presque comme tout le monde. Et alors que la femme de Mograbi le soutenait pour réaliser ce film, décide de se séparer de lui, compte tenu du "volte face" de l'homme de gauche qu'il a toujours été. En fait Mograbi se présentait comme quelqu'un sans idée politique, autrement il aurait été jetée par les gardes du corps. En effet, il a participé en 1982 au mouvement de jeunes étudiants qui s'opposaient à l'intervention au Liban.
Dans un plan toujours très serré, Avi Mograbi donne à entendre face à la camera cette réflexion intérieur, à voix haute, commentant la succession des meetings, rencontres, échanges Ariel-Avi, jusqu'à cette dernière séquence d'une fête-meeting ratée, avec musique et danse et très peu de monde à cause du dernier débat électoral à la télé.
Et d'un film où l'auteur voulait montrer, dénoncer le type de personnage qu'il déteste, devient un film sur "le réalisateur qui veut faire un film sur Sharon". Le documentaire engagé, se transforme dans un docu-fiction. Avi Mograbi montre bien ce basculement et nous sommes à ce moment-là pris par le côté dérisoire et superficiel des apparitions très calculées du personnage.
Au delà de la personnalité de Sharon, avec humour et impertinence Avi Mograbi nous donne aussi à réfléchir sur l'attrait, la façon dont on risque de succomber parfois à l'objet d'étude ou d'observation.
http://blogs.mediapart.fr/blog/arthur-porto/101013/lengagement-la-maniere-davi-mograbi