Contagion raconte à la manière d'un film chorale, l'évolution d'une pandémie sans précédents pour l'espèce humaine. Là où la plupart des films sur le sujet utilisent la contamination comme une brève introduction, un prétexte pour démarrer une histoire de zombies ou de science-fiction sur une terre dépeuplée, Steven Soderbergh n'en fait pas un prétexte et s'y attarde d'un bout à l'autre de son oeuvre. Pour couvrir toute l'étendue d'une telle hécatombe à l'échelle mondiale, le réalisateur déguisé en chef d'orchestre dramaturge fait jouer une pléiade d'acteurs de tête d'affiche. Marion Cotillard, Laurence Fishburne, Jude Law, Matt Damon, Kate Winslet ou encore Bryan Cranston et Gwyneth Paltrow sont de la partie. Si les noms cités sont alléchants, ils ne font que décupler l'intérêt. En effet, le casting n'a pas la part belle puisque les rôles, bien que tous très cohérents et complémentaires dans cette histoire, n'ont rien d'extra-ordinaire. C'est plus du côté de la mise en scène froide à la limite du documentaire d'anticipation et dans les musiques métalliques électroniques que Contagion tire son épingle du jeu. Dès les premiers instants, les plans, les actes, les objets et les paroles montrent cet ennemi invisible que les médias brandissent à chaque retour de grippe, qu'elle soit porcine ou aviaire. Une confrontation directe avec une hypothèse qui fait froid dans le dos et qui nous captive dès les premières minutes, laissant naître dans notre esprit l'idée d'éviter à tout prix la prochaine personne prise d'un quinte de toux, de regarder chaque poignée de porte, chaque verre, chaque distributeur automatique comme un aller simple vers la mort.
Si la suite se veut beaucoup plus conventionnelle et un peu moins prenante (si ce n'est les scènes d'émeutes), les scénaristes décortiquent grâce à l'éventail des personnages aussi bien le cheminement du virus que les conséquences de celui ci dans la vie de tous les jours, les réactions humaines de masse ou bien plus isolées. Il y a sans cesse dans Contagion ce parallèle entre l'humanité et l'individualité qui semble inévitable lors d'un événement d'une telle ampleur.
C'est donc un bon film à vous rendre agoraphobe que délivre Soderbergh. Qu'on aime ou pas le réalisateur, ce n'est pas cet ajout très conventionnel à sa filmographie qui permettra de juger.