Inexcusable médiocrité, ou "MAIS QU'EST-CE QUE C'ETAIT QUE CETTE MERDE".

Si un jour une personne vous recommande ce film, cela peut signifier deux choses :

1) Cette personne ne vous aime pas.
2) Cette personne a des goûts si merdiques que vous devriez couper les ponts avec.

Voir Contracted s'est révélé pour moi une des plus douloureuses expériences filmographiques de l'année, et, croyez-moi, j'en avale de la merde. Voyez-vous, Contracted n'a même pas l'excuse d'être si mauvais qu'il se transcende en tant que nanard, non. Contracted n'est pas un gentil film de merde. Contracted est un de ces rares films VRAIMENT de merde. Un film qui vous exaspère, qui vous énerve, qui vous fait vous taper sur la tête pendant tout le visionnage jusqu'à ce qu'une bonne âme vous fasse réaliser que vous êtes en train de vous faire mal.

Malgré son pitch intéressant (une femme couche avec un homme lors d'une soirée, et contracte une MST qui cause sa décomposition), sa photographie pas trop dégueu et ses maquillages et effets FX franchement cools, Contracted enchaîne les horreurs inexcusables, qu'il s'agisse de ses personnages aussi profonds qu'une assiette creuse (c'est à peine si l'héroïne a un background tant il est sous-exploité), son traitement si stéréotypé et maladroit de l'homosexualité que j'en était gêné pour les lesbiennes de tout l'univers ; ses dialogues, maladroits, prévisibles et pauvres, ou encore le jeu des acteurs, si plat, misérable et peu convaincant, que toute réplique prononcée dans le film évoquait une pluie de flan dans mes oreilles ("flotch flotch flotch").

Mais par dessus tout, le plus grave, c'est le réalisateur et scénariste de ce film, qui va s'emparer de votre notion de vraisemblance, la retourner, la mettre à quatre pattes en lui caressant les cheveux, et lui pénétrer l'anus avec le poing sans prévenir. Violemment. Pendant 1 heure et 18 minutes. Votre sens de la vraisemblance va se débattre, hurler, griffer le sol, tenter d'arrêter la douleur, mais ce sera impossible : Eric England a décidé de vous fister, du bras inflexible et brutal de la médiocrité fière, tel Tommy Wiseau avant lui.

Les personnages du film n'ont pas la bêtise heureuse d'un bon slasher, celle qui vous les fait voir d'un oeil bienveillant lorsqu'ils décident de faire 4 groupes de 1 pour explorer les marais hantés un soir de pleine lune. Non, ils sont sincèrement cons. Cons au point de se demander si la platitude de leur jeu n'est pas motivée par la déception que les acteurs ont ressentis en lisant le script. Il faut dire que tout le film tient à l'invraisemblable connerie de l'héroïne et de son entourage.

Sans trop spoiler, on citera des personnages totalement conscients que leur amie semble très gravement malade, mais qui vont se comporter comme si de rien n'était (même pas un "je t’emmène à l'hôpital") , ou des médecins qui constatent une maladie nouvelle et probablement contagieuse mais qui laisseront quand même l'héroïne rentrer chez elle, ou encore, et là c'est beau, un personnage qui vomit constamment du sang et qui ne cessera de s'exclamer que tout va bien.

C'est en fait très simple. Eric England a dû écrire son film en scènes pseudo trash qu'il voulait absolument montrer, puis les a maladroitement mises les unes derrière les autres avec des raccords scénaristiques qu'il n'a jamais dû remettre en question. ET CA SE SENT.

On ne s'attardera même pas sur le final, qui tombe a plat après tant de lente, très lente, médiocrité.

Et pourtant, un médecin qui renvoie une malade grave chez elle sans rien faire, ça aurait PAR EXEMPLE pu être justifié par l'absence de mutuelle de l'héroïne, et faire décoller le film sur une critique de la couverture sociale américaine. Mais non. Il la laisse simplement partir parce qu'Eric England ne sait pas écrire un scénario. Du moins, parce que pour Eric England, un scénario n'est qu'un prétexte à un lent enchaînement masturbatoire de scènes de body-gore, qui n'a même pas la décence de ne pas se prendre au sérieux pour se rendre supportable.

Et cette opportunité ratée de critique sociale n'en est qu'une parmi tant d'autres. Contracted aurait pu aborder en profondeur des thèmes comme le harcèlement sexuel, le viol, la maladie, le suicide, l'homosexualité, le féminisme, le rapport parent-enfant... mais non, Contracted est un film qui rate sciemment toute opportunité d'être intéressant.

Je n'ai aucun scrupule à déclarer que je me suis senti insulté par la nullité crasse de ce film, et que je ressens un profond mépris pour toute personne qui l'aura bien noté. Il y a une différence entre un film de genre et un film de merde, et ce film n'est certainement pas dans la première catégorie.

Eric England, go home, you're drunk.
emmerre
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le 7 sept. 2014

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emmerre

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