S'il est une certitude avec laquelle j'engageais Cool World, c'est que le film était définitivement à jeter. Une ordure bobinée, un échec sur toute la ligne, une catastrophe n'étant là que pour plagier et surfer sur le succès de Qui veut la peau de Roger Rabbit.. Alors certes, avec une réécriture secrète du script par les producteurs qui poussa Bakshi à vouloir se barrer mais qui fera malgré tout le film à cause de son contrat, ça part très mal.


Pourtant, ce soir, j'ai fait une découverte hallucinante, presque au sens premier du terme.


Cool World est une oeuvre sale, dérangeante, vulgaire. C'est la version cradingue des Looney Tunes, en roue libre. Le monde des doodles est ce qui se cache sous la surface, la nature humaine dans sa plus vile apparence : La violence, la luxure, l'alcool et la drogue, aucune limite, réellement aucune limite, aucun filtre pour la bonne pensée. Le bon ton est bien loin, personne n'est réellement bon à Cool World, tout le monde à son vice, peut-être pas Lonette, phare dans la nuit dans le monde des brutes et des escrocs.


Franck (Brad Pitt) ne croit plus en l'humain. Il n'y crois tellement plus qu'il se cache pendant 50 ans dans Cool World pour éviter de supporter l'accident tragique de sa mère. S'il retourne dans le monde réel, c'est pour sauver Cool World.


Jack (Gabriel Byrne) se voit en héros. Il a purgé sa peine après tout, il n'est plus coupable. Il n'a de héros que la forme, il n'est qu'un homme qui souhaite faire le bien mais qui succombe à ses pulsions.


Holli veut savoir ce que ça fait, de vivre. Tant et si bien que lorsqu'elle y arrive, elle ne l'accepte pas. Elle a toujours été une doodle, débridée, sans contrôle. Comment s'imposer des règles là où on en a jamais eu ? On peut dire que Kim Basinger surjoue, je ne trouve pas. Holli n'a jamais appris à jouer le jeu des humains, elle n'est que manipulation et désire, elle n'a pas à bien se conduire.


Lorsque Cool World se déverse sur le monde réel, ce sont les personnalités qui sont révélée, les travers que l'on cache, que l'on ne voit que dans le miroir lorsque l'on se coiffe pour sortir et se pavaner. Cool World est une version pessimiste de notre propre monde.


Il faudrait être aveugle pour ne pas voir les défauts du film, ses incohérences, ses dessins traversant l'écran un peu n'importe quand, sa happy-end qui jure avec le reste et j'en passe. Bakhsi tenait quelque chose, un truc grandiose, mâché et bâclé par un système qui ne voulait pas quelque chose d'original ni d'adulte, mais qui voulait que ça soit diffusé dans les hôpitaux d'enfants malades.


Cool World a quelque chose d'unique, ses décors cauchemardesques à l'architecture aussi tordue que les âmes des habitants de ce monde fantasque, son animation qui profite au vulgaire de la plastique d'Holli mais qui n'en reste pas moins magnifique. C'est une bande originale bien fun également, qui te sort des noms comme David Bowie, Brian Eno, Moby. Cool World a un côté Métal Hurlant, cette SF crade et inadaptée à la lumière du jour, qui te fait te demander au matin si tu n'as pas été trop loin cette fois-ci.

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le 24 mars 2017

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Paradox

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