Cousin, Cousine par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Critique éditée le: 4 mai 2013.

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Qu'advient-il d'un couple lorsque plus rien ne va, lorsque plus rien ne les rattache? Faut-il s'accrocher coûte que coûte et continuer à jouer une comédie de plus en plus pesante ou faut-il larguer les amarres et tenter de profiter des plaisirs de la vie en toute immoralité?

Telle est la question que pose Jean-Charles Tacchella dans ce très joli film assez corrosif. Le mari de Marthe, Pascal, se désintéresse de sa femme. Ses maîtresses sont nombreuses et ce soir de noce, il s'est éclipsé avec Karine, l'épouse de Ludovic, une éternelle dépressive adepte forcenée des cures de sommeil. C'est pourquoi nos cousin et cousine par alliance, rongés par le mal être de leurs couples, vont tomber dans les bras l'un de l'autre.

Tout commence par une amourette avec ses petits rendez-vous lors des fêtes de famille où l'on s'observe, où l'on se chuchote quelques mots d'amour, en fait où l'on apprend à s'aimer et à se connaître en toute insouciance, de plus grisés par le fait de se cacher et de garder en soi un doux secret. De leur côté, Karine et Pascal décident de reprendre une vie de couple normale. Ils avouent leurs relations illégitimes. Mais pour Marthe et Ludovic, ces aveux sont déjà trop tardifs et sans effets. Ceux-ci leur donnent même l'occasion de déclencher une apothéose en forme de vengeance face à tout ce temps gâché. Leur attachement et leur complicité sont devenues si évidentes et si forte qu'ils ont la folle idée d'officialiser "la chose" à leur manière. C'est la provocation qu'ils choisissent en s'éclipsant brutalement devant une famille médusée par tant d'inconvenance en plein réveillon de Noël.

Cette comédie que certains trouvèrent inconvenante s'attaque aux préjugés de notre société et à la sacro-sainte moralité de l'esprit de famille.

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Tout au long de cette œuvre filmée avec beaucoup d'adresse, de simplicité et de tendresse par Jean-Charles Tacchella, on ne peut s'empêcher d'aimer ce sympathique petit couple inattendu en ressentant un sentiment de bien-être devant l'humiliation qu'il inflige aux institutions. Ils sont heureux ainsi et nous également en les voyant se débarrasser du déguisement de "gens bien comme il faut" et vivre leur amour d'autant plus fortement qu'il est sensé être illégitime. Cette situation qui s'offre à eux les transforme, ils chahutent, redeviennent presque adolescents. Ils recommencent enfin à exister.

L'interprétation de Marie-Christine Barrault et de Victor Lanoux est absolument merveilleuse. Ils nous captivent par leur complicité et leur arrogance de gamins délicieusement mise en valeur. N'oublions pas le séduisant Guy Marchand et Marie-France Pisier, éternellement névrosée dans son rôle, qui complètent avec beaucoup de talent cette judicieuse distribution et qui seront les malheureuses victimes de ces retrouvailles.

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Ce charmant film au sujet simple et réaliste parvint à séduire de façon inattendue un large public et une très grande partie des critiques à tel point que les américains en tournèrent un remix en 1989: "Cousins" de Joël Schumacher. Toutefois cette adaptation est très lointaine de l'œuvre originale toute en finesse Jean-Charles Tacchella Je lance donc un nouvel appel afin qu'un tel film ne tombe pas dans l'oubli et que les cinéphiles puissent le revoir ou le découvrir car il le mérite amplement.

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Ma note: 8 /10

Box-office France: 1.161.394 entrées

Grard-Rocher
8
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le 21 déc. 2023

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