Opération Halloween : Creep, un film qui pulvérise les frontières de la peur



  • On peut pas sortir d'ici, la nuit.

  • Quoi ?

  • C'est vrai. Y a pas d'issue, tout est bouclé.

  • Il n'y a pas d'agent de sécurité ?

  • Au poste de Contrôle, mais on va pas l'emmerder.

  • Mais pourquoi ?

  • Parce qu'il nous emmerde pas.

  • Mais y a un fou dangereux !

  • T'en sais rien. C'est plutôt un conducteur qui joue les justiciers.



Creep de Christopher Smith est un film d'horreur très solide terriblement oppressant et dérangeant pourvut d'une atmosphère atrocement étouffante. Creep joue avec les nerfs des spectateurs comme rarement, nous mettant à l'épreuve dans tous les domaines. Un huis clos terrifiant et asphyxiant sur une réalisation intense qui prend sa force dans la mise en scène surprenante de son décor. L'idée d'être piégé sous terre dans les tunnels du métro de Londres en fait un film saisissant. On visite les coins sombres désolés des tunnels abandonnés du métro souterrain qui se révèle comme une ville labyrinthique épouvantable. Les longs et profonds couloirs obscurs et sinueux avec ces murs sales et dégoulinants dans un cadre hermétiquement fermé amplifié par les échos de chaque son provenant d'un environnement calme, vide de toutes vies, en font un théâtre des horreurs incroyables et impitoyables. Creep n'est jamais sporadique dans la distribution de son horreur qui en fait une œuvre intelligente et rafraîchissante qui avance à bon rythme tout en distribuant une horreur révoltante par le biais d'un suspense glacé d'effroi.


Le récit se scinde en deux parties distinctes qui dilue de manière différente deux formes d'horreur. La première partie se présente comme un véritable film d'ambiance. Une pièce de pure angoisse qui plonge le spectateur dans une épouvante absolue à travers un suspense haletant qui ronge les sens. Un spectacle funèbre cauchemardesque sous tension qui traite de l'authentique paranoïa. La vraie peur dans ce qu'elle a de plus primitive. Une première moitié que le cinéaste sublime jusqu'à la perfection venant ébranler notre confiance totale en jouant habilement de son environnement et sans montrer une fois sa créature démoniaque. Un concept qui pose efficacement son contraste qui va construire habilement le deuxième acte. La seconde partie est brute de décoffrage. On quitte l'épouvante pour le gore dans une violence totale avec beaucoup de sang et d'action. Des scènes d'une brutalité absolue qui présentent des gros plans de parties du corps démembrées purement sadique conférant un sentiment d'impuissance et de dégoût. Une seconde partie moins frissonnante mais plus percutante. La conception sonore et la bande son sont du groupe britannique "The Insects" qui a fait un travail incroyable en proposant une composition musicale glaçante qui favorise un climat hautement austère.


La comédienne Franka Potente incarne Kate, une jeune femme en direction d'une fête dans laquelle elle est censée rencontrer George Clooney, à défaut de trouver un taxi elle va descendre dans le métro où elle va faire une mauvaise rencontre qui débouchera sur une tentative de viol qui sera brutalement stoppé par une chose sortie des ténèbres. Pas un sauveur, mais un agresseur imperceptible qui va la pousser dans une nuit d'horreur. Franka Potente est fascinante, sa performance est suffisamment crédible pour nous plonger avec conviction dans son cauchemar. La comédienne se sublime dans les séquences extrêmes en conservant tout du long une authentique gravité qu'elle va courageusement tenter de surpasser. Le couple de clochards incarné par Kelly Scott (Mandy) et Paul Rattray (Jimmy) est attachant. J'ai bien aimé le rôle de Jimmy. Vas Blackwood en tant que George réussi plutôt bien à incarner le gars flippé pas du tout à sa place. Bien que je l'ai trouvé par moments un peu agaçant j'ai bien aimé sa participation.


Vient enfin le Creep ! Creep alias Craig, incarné dans une performance incroyable de Sean Harris. Le comédien est méconnaissable dans une forme aberrante et repoussante. Il offre au monstre une véritable identité à travers une démarche inquiétante et un regard hagard qui en font un antagoniste choquant et disgracieux. Le métro et le labyrinthe obscur venant rejoindre les égouts sont son territoire. Un royaume ténébreux dont il est le maître avec pour sujet des milliers de rats qu'il nourrit des corps de ses victimes. Des victimes qu'il torture avec un plaisir diaboliquement malsain, lié à un passif étrange autour d'un docteur fou et d'un labo scientifique de cinglés. Un antre diabolique pour un monstre pernicieux et vicieux. Toutes les pièces sont rassemblées pour offrir un spectacle d'épouvante à la hauteur !



CONCLUSION :



Creep est un film génial car il ramène l'horreur à une ambiance primaire sous tension et violence qui doit sa principale qualité à son atmosphère et son cadre qui prennent aux tripes. C'est anxiogène, brutal et méchant ! Un spectacle dans une digne mouvance à la The Descent qui offre tout du long une sacrée montée d'adrénaline. Christopher Smith, peut être fier d'avoir réalisé une pièce horrifique si exceptionnelle. L'horreur à l'ancienne !


Éteignez les lumières, installez-vous profondément dans votre fauteuil pop-corn en main et préparez-vous au choc.




  • Allez, du calme.

  • C'est de ma faute ! J'ai fait venir Jimmy avec moi !

  • Du calme, faut sortir d'ici.

  • Il l'aurait protégée !

  • J'ai une petite fille. Et je tiens vraiment à la revoir. D'accord ? Écoute, on va sortir d'ici.


B_Jérémy
9
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Classement du meilleur au pire des films d'horreur dont j'ai fait une critique et Les meilleurs slashers

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le 19 oct. 2021

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