Grâce à l'énorme succès dont il a bénéficié à la fin des années 80, le film a acquis le statut de film culte. A cet égard, on accepte de le voir plusieurs fois et de lui donner plusieurs chances. On se dit qu’il y a peut-être quelque chose que l’on aurait manqué, quelque chose de générationnel, de drôle, de culte. C’est se montrer d’une indulgence coupable : "Crocodile Dundee" est nul.
Le film traite de la rencontre de deux personnes et de deux mondes qui s’opposent en tout et qui, à la fin, réalisent qu’ils se complètent parfaitement. Les scénaristes (dont Paul Hogan fait partie) ayant eu l’intelligence de ne pas installer d’histoire parallèle, tel qu’un grand méchant, un complot ou une prise d’otage, le film repose uniquement sur ce mélange de cultures. Même si l’idée n’est pas très originale, elle n’est pas si mauvaise. Il suffit qu’elle soit bien exploitée. Le problème est ici. L’idée est très mal mise en valeur et totalement vidée de sa substance. Toutes les scènes intéressantes qu'aurait pu contenir le film ne sont ni sacrifiées, ni gâchées, ni ratées, elles sont tout simplement absentes. Lui est un rat des champs et elle un rat des villes. Lui sait survivre dans la jungle, elle dans la jungle urbaine. Lui mange des crocodiles bourrés de vitamines "but which smell like shit", elle mange des hot dogs bénéficiant des mêmes caractéristiques. Oui, et après ? Et bien après, le déluge. Le développement de leur relation n’est ni montré, ni expliqué. Pourquoi se plaisent-ils ? Que lui trouve-t-elle, et que lui trouve-t-il ? Quels sont leurs points communs qui leurs font oublier leurs différences ? Ils ne se parlent pas, et n’ont d'ailleurs pas l’air de se comprendre. On ne les voit même pas au lit ensemble. Le film aurait pu également s’intéresser aux Newyorkais superficiels et faux, les pousser dans leurs retranchements et les mettre face à leurs contradictions, grâce à ce personnage d’un autre monde, ignorant leurs codes de conduites et leurs règles de vie. Mais cela aussi est mis de côté. Même la scène de fin semble tournée en accéléré. Emballer c’est peser.