Le déconfinement des cinémas étant surtout la foire aux reprises et aux déprogrammations, il est encore temps de se pencher sur le monde d’avant le retour de Burger King, je veux dire celui du McSalad Shaker dont le principe était d’agiter dans un gobelet en plastique de la salade et quelques ingrédients calibrés. Car ce principe est aussi celui de D-War, qui prend ce qu’il peut à Lord of the rings, King Kong et autres Terminator, pour faire croire que l’ingrédient de base a du goût, alors qu’à côté, une suite de Reign of fire aurait fait l’effet d’un burger de chez Five Guys.


L’ennui, c’est que la sauce orientale qui assaisonne le tout a l’odeur d’un Crouching tiger, hidden dragon fermenté, et que l’ingrédient de base est une macédoine de serpents géants qui veulent voler donc devenir des dragons, et qui cherchent la lumière cachée dans l’épaule d’une jeune femme en passant une bonne partie de leur temps à crier plutôt qu’à agir, sachant qu’ils doivent trouver la jeune femme le jour de ses vingt ans qui n’arrive que tous les cinq cents ans car elle se réincarne en tardant. On ne tentera pas le parallèle avec la lumière de Zarta ni de comprendre où le réalisateur-scénariste-producteur voulait en venir, mais on peut filer la métaphore de la malbouffe, et relever que le casting est daubé lui aussi, car il ne cherche pas mieux qu’à associer seconds couteaux et jeunes premiers, pour donner l’occasion à Robert Foster de jouer les Christophe Lambert de Mortal kombat, et au dénommé Jason Behr de montrer à quel point les cheveux gras ne le font pas. Et le pire, c’est qu’il y a pire, mais on ne s’attardera pas sur le CGI pas frais comme un Episode I pour éviter tout parallèle téléphoné avec un certain village gaulois, et plutôt souligner que l’écriture se contente à la moindre difficulté de jouer de la double facilité « comme ça/parce que ». Deux exemples devraient suffire à convaincre le public abasourdi d’avoir raté ce chef-d’œuvre ou de l’avoir vu : le gentil Black sauve le héros et l’héroïne fuyant le grand méchant serpent parce qu’il réapparaît soudain avec sa voiture « comme ça », le gentil Yoda déguisé en médecin aide le héros à trouver l’héroïne à l’hôpital où il est justement venu « parce que », j’en passe et des meilleurs.


Cette variation sur le thème du « ryū » rappellerait presque l’âge dit de Golan-Globus, n’était ce quelque chose de friqué qui interdit le classement en série B, et ce je ne sais quoi de prétentieux qui éloigne le résultat des nanars sympathiques, en le plaçant à des milliers de kilomètres du K-movie multi-tons à la The host. Mais quand même, le coup du Wayne annoncé à Cannes pour avoir David à la place de John au bout du compte, ça ressemble à ce « D » pour « dragons » dans le titre, puisqu’il faudrait plutôt parler de « S-War » pour « serpents », ou tout simplement pour « s’il vous plaît, arrêtez-vous au titre ».


Pour public averti (ou qui se dit au contraire qu’une pancarte « attention » est une invitation) : Dragon wars: D-War (2007) de Hyung-rae Shim (qui annonce depuis maintenant quelque temps une suite que personne n’attend), avec Amanda Brooks à la place de Brie Larson ou de toute autre blonde insipide, mais aussi Elizabeth Peña échappée de Rush hour et Chris Mulkey échappé de Twin Peaks


Avis publié pour la première fois sur AstéroFulgure

Adelme
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le 11 juil. 2020

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