Voilà un exemple de film difficile à résumer parce qu'il est en partie réalisé pour déconcerter le spectateur par l'emploi de l'absurde. Ce qui m'a donné envie de voir le film c'est la critique d'un de mes éclaireurs qui expliquait que Quentin Dupieux était proche de Luis Buñuel, et que c'est le surréalisme qui régnait en maître absolu dans le film. Comme j'ai apprécié la plupart des films de Buñuel, j'y suis allé sans attendre aucun rationalisme .


J'avais déjà vu le Maître ( Dali voulait absolument qu'on l'appelle ainsi) lors d'un débat-spectacle télévisé, je l'ai redécouvert exactement comme dans mon souvenir et tel qu'il voulait qu'on le voie, dans un portrait fidèle à la construction du personnage de méga Star médiatique excentrique (et concentrique) qu'il avait élaboré. A la fois narcissique, mégalomane, capricieux, dans une démarche d'Artiste en tant qu'œuvre d'art majuscule lui-même autant que ses tableaux, et masquant le Dali qu'il ne voulait pas qu'on voie, l'homme hanté par la création, angoissé par la vieillesse, travailleur acharné et méticuleux, du moins tout le laisse supposer.


Une seule toile dans le film, une reconstitution de la Fontaine nécrophilique coulant d'un piano à queue (ou piano aqueux), le sujet est bien le comédien-artiste, à l'imprévisibilité telle que six comédiens l'incarnent, six comme le nombre de a dans le titre, mais difficiles à identifier avec leur moustache. Bravo pour les imitations, avec mention spéciale à Édouard Baer et Jonathan Cohen. Le fil rouge du film est la tentative d'interview du Maître par la journaliste-pharmacienne Anaïs Demoustier qui échoue toujours, comme le repas toujours interrompu dans le Charme discret de la Bourgeoisie jusqu'au moment où le réalisateur-musicien Dupieux nous montre le film qui ne se fait pas mais dont on est en train de voir la fin par un de ses tours de passe-passe.

Anaïs Demoustier est d'une parfaite justesse en contrepoint parfait de Dali par son naturel et sa jeunesse, tout comme joue juste Romain Duris, odieux avec son actrice tel un Maurice Pialat sur un plateau de cinéma. On peut toutefois se demander à quoi mène ce genre de film et quel est son concept directeur.

Pour moi le moment le plus intéressant est la séquence de la vente aux enchères d'une toile du Maître (moyen légal pour les très riches de faire du blanchiment d'argent tout en échappant aux impôts). La vente atteint des sommets mais la croûte se révèle fausse, ce qui ne serait pas si éloigné de la réalité. Dalí aurait été forcé par son entourage de signer des toiles vierges afin qu'elles puissent être peintes par d'autres et vendues (très cher) après sa mort.

Zolo31
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le 12 févr. 2024

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Zolo31

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