L’œuvre du rejeton de la FEMIS - parce que oui, ici j’ai envie d’appeler ça une “œuvre” - se présente vraiment comme un film de divertissement, placé sous le signe du ludique. Elle raconte la naissance d’une relation. Celle entre un jeune élève talentueux en écriture et un professeur passionné de littérature. Cette relation peut simplement se résumer ainsi : C’EST UN JEU.

De leur rencontre naît en effet un jeu déviant et graduellement nocif. Vous serez doucement pris par la main et emmenés à travers un dédale de règles, d’abord espiègles, puis progressivement malsaines. Le but du jeu ? Il se situe aux limites que les personnages seront prêts à repousser. L’enjeu ? Il réside dans la toxicité de cette relation et le plaisir pervers que chacun des deux en tire. Qui en sortirait gagnant ? perdant ?

Au-delà de l’intrigue, c’est le film entier qui se présente sous la forme d’un jeu complice entre Ozon et le spectateur. Sortez votre plateau, placez vos pions et jetez les dés. Tout d’abord, l’auteur vous plonge dans une ambiance de thriller inquiétant dans la forme et seulement dans la forme. Pas besoin de sang, de meurtre ou de tueur.

Mais Ozon continue à jouer et va plus loin. Au travers des récits écrits du garçon, on assiste à un habile glissement entre réalité et fiction, nous nous perdons entre ses simples descriptions et ses fantasmes, ses désirs profonds, ses projections. On ne sait plus. On est perdu. Et là mon petit, c’est Ozon qui te parle de Cinéma. Si tu es cinéphile, crois-moi, tu kiffes.

Mais ce cochon ne s’arrête pas là. Il continue. Comme s’il prenait lui-même un plaisir malsain à nous manipuler, il multiplie les effets de distanciation dans la mise en scène : des regards caméra vers le spectateur, des intrusions invraisemblables de personnages dans une séquence… cela rend le film encore plus brillant.

Enfin, le rythme est prodigieusement géré. Ozon jongle avec nos émotions. D’une séquence à l’autre, on glisse rapidement du suspense vers l’humour ou de la surprise au drame.

La toute dernière séquence donne le coup de grâce magistral avec une référence au film Fenêtre sur cour. Une signature hitchcockienne que l’auteur n’aura de cesse de chercher à travers le film et qui trouve son paroxysme sur ces dernières minutes.

Alors OK, ce film s’adresse clairement et ouvertement aux cinéphiles. Mais c’est une vraie déclaration d’amour aux fans du 7ème art. Et moi j’exulte.

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le 18 oct. 2012

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