Le film est vraiment mal noté ici. Et je peux comprendre pourquoi. Dante 01 a plein de défauts. Mais même devant ces défauts, je me sens obligé de saluer l'effort. Dante 01 est un essai non-transformé. Ca aurait pu être un chef d'oeuvre. Un film culte, vendu à l'international. Une référence pour la dernière génération de cinéaste. Mais le destin en aura voulu autrement.
Alors avant de descendre le film, attardons nous un peu aux points positifs indiscutables de Dante 01. Marc Caro a un style indiscutable et c'est surtout ça qui est bluffant. On est quelques part entre Murnau, Lynch et Terry Gilliam. Et même si on sent les référrences du bonhomme, il n'en possède pas moins un style unique. Un film de Caro ne ressemble à rien d'autre qu'à un film de Caro. C'est ce même style déjà présent dans Delicatessen et la Cité des Enfants Perdus, co-réalisé avec Jean-Pierre Jeunet. On attribue d'ailleurs souvent ces deux films à Jean-Pierre Jeunet seulement, mais en découvrant Dante 01, j'ai réalisé que Delicatessen et la Cité des Enfants Perdus, avaient un style beaucoup plus Caro que Jeunet. On avait déjà cette ambiance poisseuse, fiévreuse, cauchemardesque, faites de clairs-obscurs verdatres et de grands-angles hallucinés. Tout est moite. Toute est bizarre. Et le casting est comme toujours, une belles successions de splendides "gueules" de cinéma. La direction artistique chez Caro, c'est certainement là que se situe son génie.
Maintenant, qu'on a définit que Caro est un génie, essayons de comprendre pourquoi Dante 01 n'est pas un film génial ? Le problème principal se situe selon moi dans le scénario. D'abord les dialogues sont pourris. Ou alors c'est un problème de direction d'acteur, je ne sais pas. Mais toujours est-il que quand deux personnages se parlent, on n'y crois pas. C'est trop articulé, trop écrit, trop récité... On voit les lignes de dialogues du scénario derrière le jeu des acteurs. On dirait presque des dialogues de BD, enfermés dans une bulle, soumis à l'imagination du lecteur. Sauf que là ce n'est pas une BD et l'interprétation d'un texte se fait par l'acteur. Ca ne fonctionne pas.
Et puis il y a l'histoire. Un détenu mystérieux est envoyé dans un asile spatial qui tourne en orbite autour de la planète Dante 01. En parralèle, un docteur a été chargé d'utiliser les prisionniers comme cobaye pour ses expériences contre l'avis de la cheffe de l'asile qui pense pouvoir guérir ses patients par la psychanalyse. Je ne suis pas hyper-calé en trucs de religion, mais il est difficile de ne pas voir que Dante 01 est une sorte d'allégorie biblique dans laquelle Lamber Wilson serait une sorte de Christ Cosmique venu sauver les âmes tourmentés des prisionniers.
D'après wikipedia, un certains Dante Alighieri aurait imaginé les 9 zones de l'enfer. La première (Dante 01) étant les limbes, une sorte de purgatoire à la périphérie (ou en orbite) de l'enfer et ou irait "les personnes qui, n'ayant pas reçu le baptême et se trouvant privées de la foi, ne peuvent jouir de la vision de Dieu mais ne sont néanmoins pas punis pour un quelconque péché." (C'est là-bas que j'irai à ma mort, visiblement).
Bref, je digresse. Ce n'est pas parce qu'il y a un sous-texte religieux, que ça rend le truc plus intellectuel qu'il ne l'est. Car Dante 01, c'est surtout un film assez répétitif dans lequel les gardiens observent et commentent les actions des prisionniers sans qu'un réel enjeu ne se dessine avant la toute fin du film. Le film est d'ailleurs assez court, ce qui n'aide pas à complexifier le caractères des personnages. C'est dommage, car l'univers est tellement réussi qu'on aimerait bien en connaitre un peu plus sur les personnages fascinants qui le compose. L'apogée de cette non-écriture de personnage étant Lambert Wilson qui passe son temps à éructer, à vomir et à transpirer. Ah, et à un moment il dit le mot "lumière".
Bref, le premier long-métrage solo de Caro n'est pas ce que l'on pourrait appeler une réussite. A la rigueur ça aurait pu faire un bon court-métrage. On aurait alors été moins regardant sur la qualité du scénario. Surement qu'il lui a manqué une petite touche Jean-Pierre-Jeunesque pour apporter un soupcon de conte fantastique et de poésie dans cet univers sombre et nihiliste.
Je met malgré tout une note supérieure à la moyenne, parce que visuellement, c'est trop incroyable pour être catégorisé comme "mauvais film".