Une expo, deux films : 2012 est définitivement l'année Tim Burton. Mais avant de nous présenter son très attendu Frankenweenie, le réalisateur précurseur du ciné-gothique sort Dark Shadows, remake cinématographique de la série éponyme créée par Dan Curtis (1966-1971). Si le film n'est pas foncièrement mauvais, il ne marquera malheureusement pas les esprits.


1752. Joshua et Naomi Collins quittent Liverpool pour prendre la mer avec leur jeune fils Barnabas, et commencer une nouvelle vie en Amérique. Mais même un océan ne parvient pas à les éloigner de la terrible malédiction qui s'est abattue sur leur famille. Vingt années passent et Barnabas a le monde à ses pieds, ou du moins la ville de Collinsport, dans le Maine. Riche et puissant, c'est un séducteur invétéré... jusqu'à ce qu'il commette la grave erreur de briser le cœur d'Angelique Bouchard. C'est une sorcière, dans tous les sens du terme, qui lui jette un sort bien plus maléfique que la mort : celui d'être transformé en vampire et enterré vivant. Deux siècles plus tard, Barnabas est libéré de sa tombe par inadvertance et débarque en 1972 dans un monde totalement transformé...


On connait Tim Burton pour son habitude de mettre en scène des êtres surnaturels à l'apparence terrifiante mais toujours dotés d'un bon fond. Qui de mieux que Johnny Depp pour incarner ce type de personnage ? Il est vrai qu'on ne change pas une équipe qui gagne, mais cependant Dark Shadows parvient à nous démontrer que le couple Burton-Depp commence sérieusement à prendre la poussière... Explications.

Après une rapide introduction servant à présenter la mésaventure maudite de Barnabas Collins, à travers une série de flashbacks dans l'Amérique sombre du 18e siècle, nous voilà transportés directement en 1972. On y découvre alors Victoria Winters, interprétée par la jeune et talentueuse Bella Heathcote, en route vers le manoir des Collins où elle y a trouvé un petit boulot, sur fond de Nights In White Satin des Moody Blues, rappel délicieux d'une époque kitch mais stylée.

Puis, c'est au tour de Barnabas Collins de faire son grand retour dans le monde des vivants, après 196 années sans voir la lumière du jour. Le vampire débarque alors perdu au cœur d'une époque qu'il trouve absurde et dont il rejette les codes (allégorie de l'enfance de Tim Burton ?), avant de découvrir avec horreur que ses descendants n'ont pas su préserver la richesse de son patrimoine. S'ensuit alors une série de gags plutôt efficaces, Johnny Depp incarnant parfaitement l'excentricité de son personnage qui, abasourdi par l'environnement qui l'entoure, enchaine les répliques cocasses.

Angelique Bouchard fait alors son entrée en scène, campée par une Eva Green qui interprète à la perfection un personnage radicalement différent de ceux qu'elle a l'habitude de camper. Mais malheureusement, la beauté ravageuse de la sorcière blonde aux formes généreuses n'arrivera pas à nous sortir d'un ennui qui s'installe lentement mais sûrement au fur et à mesure que s'écoulent les minutes. Alors que la première partie du film arrive à tenir en haleine et à distraire efficacement, nous voilà désormais plongés au cœur d'une intrigue qui perd peu à peu son intérêt. Entre déjà-vus et scènes inutiles, on finit par lâcher la rampe.

Cette mauvaise impression ne sera malheureusement pas rattrapée par la scène finale, qui vient clôturer ce théâtre grotesque par une succession d'images de synthèse certes bien travaillées mais à l'opposé de l'univers de Tim Burton, lui qui nous a toujours habitué aux effets parfois « cheap » mais néanmoins toujours enchanteresses. C'est à ce moment-là que l'on regrette les belles années Burton. Heureusement, le très bon jeu des acteurs vient sauver l'ambiance générale : mention spéciale à Michelle Pfeiffer dont le talent n'a, contrairement à son visage, pas pris une ride.

En bref:
On passe quand même un bon moment devant ce dernier Burton, mais le réalisateur à l'univers déjanté nous avait habitués à mieux. C'est bien dommage car le film démarre bien, mais se perd dans un marasme scénaristique dont on ne retient au final que les effets visuels abusifs. En attendant Frankenweenie, Burton nous laisse plein d'amertume et parvient presque à nous dégouter de son alliance éternelle avec Johnny Depp. Vivement la fin de l'année !
RaphMcFly
5
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le 24 mai 2012

Critique lue 368 fois

RaphMcFly

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