Deadpool par AntoineRA

Ils l'ont attendu, les fans, ce Deadpool R-rated tout droit sorti des pages de comics, porté à bout de bras par un Ryan Reynolds en mode repentir de ses dernières affres dans le milieu et envers ce personnage auquel il veut résolument rendre justice. On ne peut pas dire que le film soit passé inaperçu de par sa campagne marketing audacieuse, et résolument annonciatrice de l'esprit du long-métrage.

Et pour cause, Deadpool n'est pas drôle ; il est hilarant de par sa surenchère de scènes trash, d'exclamations vulgaires, gags irrévérencieux et autres agissements un poil transgressifs. Bien sûr, l'humour est souvent puéril et la majorité des dialogues n'est que punchlines salaces. Mais contrairement à un film de Seth Rogen, ou à la bien-pensance des productions Marvel/Disney, cette surenchère grossière et provocante s'inscrit totalement dans le caractère du protagoniste costumé. Et, particularité chère au personnage, les mises en abyme et autres tacles auto-dérisoires sur l’industrie du cinéma - dont certaines productions de la Fox - ainsi que ce fameux "quatrième mur" souvent franchi (Deadpool conscient de sa condition de personnage de film qui parle à son public), permettent d'affiner ce cocktail d'humour détonant.

Côté purement filmique, le scénario est évidemment un simple prétexte pour mettre en lumière l'anti-héros titre. La présentation est toutefois plutôt originale pour cette "origin story", à coup de flashbacks introduits par Deadpool lui-même en plein milieu de la grosse scène d'action du départ. Par la suite, c'est une basique histoire de vengeance qui se termine en une confrontation au sommet. On peut regretter le manque d'ambition sur ce point au profit du tape-à-l'œil fun et du fan service. La mise en scène de Tim Miller est, quant à elle, assez putassière, bourrée de ralentis et de filtres à SFX ; néanmoins, elle colle à l'esprit m'as-tu-vu de Deadpool, et les scènes d'action sont dynamiques avec des chorégraphies de combats bien travaillées. Pour ce qui est de la BO, on ne se rappellera que des titres Hip-Hop qui viennent rythmer le ton décalé du film ; Junkie XL ne proposant pas de thème très marquant à côté.

En ayant eu le feu vert de pousser le vice presque aussi loin qu'ils le voulaient, Reynolds, Miller, et l'équipe du film offrent ainsi une nouvelle vision du film de "super-héros". Évidemment, il y a un peu d'abus dans la surenchère qui n'apparaît pas toujours spontanée. On apprécie, par contre, l'emploi de personnages tirés des X-Men, ainsi que les nombreuses références à l'univers des mutants, sans qu'elles ne soient trop forcées. De quoi présager quelques ajouts de choix dans les prochains film du mercenaire, même si l'inverse a très peu de chance d'arriver. Sorte d'hybride trash et violent entre l'insolence de Kick-Ass, l'explosivité de Dredd et l'humour barré des Gardiens de la Galaxie ou même 22 Jump Street dans un autre registre, Deadpool ne prend guère de pincettes et profite d'un rythme ténu pour entraîner le spectateur dans son délire rustre et grossier, où le décalage de ton fait souvent mouche.