Je sors ravi de ce film qui, s'il n'est pas vraiment une révélation (car beaucoup de choses évoquées sont connues de ceux qui s'intéressent un peu au développement durable), est toutefois un véritable bol d'air dans le marasme ambiant post 2015. Mélanie Laurent et Cyril Dion nous ont concocté un petit voyage qui nous emmène non pas à la découverte des énormes problèmes qui menacent l'humanité, mais bien au contraire à la découverte des solutions qui non seulement se dessinent mais sont déjà mises en oeuvre.
Les auteurs commencent bien entendu par nous rappeler la dure réalité de notre éco-système en danger d'implosion, du réchauffement global qui ramenera son lot de catastrophes humanitaires et de l'aveuglement imbécile des oligarques qui nous dirigent. Pour cela sont interviewées des figures de proue comme Jeremy Rifkin, et Pierre Rabhi par exemple. Mais ce n'est que l'intro et plutôt que de s'appesantir sur les sombres nuages qui s'amoncellent , ils nous emmènent vite rencontrer ceux et celles qui, chacun à leur manière, de manière locale et coopérative s'organisent pour que l'avenir ne ressemble pas au désastre que les financiers et les corporations nous préparent.
Car il est ici question en cinq chapitres bien équilibrés de nous montrer des solutions actives et intelligentes concernant l'agriculture ( la perma culture, le bio), l'économie (les réseau de petites entreprises, les monnaies locales) , l'énergie ( solaire et renouvelables en tous genre), l'éducation (le modèle finlandais) et la politique (la démocratie participative, l'exemple indien ou islandais). Comme l'avait fait avant eux Coline Serreau dans son excellent " Solutions locales pour un désordre global", Laurent et Dion nous font voir des gens qui s'activent, des gens qui organisent, des gens qui sont heureux de prépare l'avenir de leurs gosses. On sourit beaucoup, en regardant ce film, car on y respire comme un air d'optimisme et de jeunesse. L'enthousiasme de ces gens est proportionnel à la gravité de la situation.
Beaucoup aimé personnellement la notion de monnaie locale appliquée dans certaines villes (Bristol par exemple) qui sert à supplémenter la monnaie standard mais qui a l'avantage de ne pas produire d'intérêts, donc de rentes et de circuler dans un circuit court de petites entreprises sans donner à personne le loisir de l'accaparer et de la planquer dans un paradis fiscal. On ne peut que souhaiter à la Grèce d'appliquer au plus vite ce type de monnaie chez eux, comme le font déjà les Suisses avec la monnaie WIR.
Beaucoup aimé aussi tout ce qui touche au mensonge de l'agro alimenatire et à l'excellent rendement de la petite agricuture locale et bio-diversifiée (cherchez Incredible Edible sur le net...). Partout , en agriculture, éducation, politique et économie, on voit que le niveau décisionnaire régional , ou de réseau, peut se substituer de manière productive à l'usine à gaz corrompue des gouvernements. Recyclage, économie verte, éoliennes, légumes au milieu de la ville, Copenhague et ses vélos, tout est une question de volonté citoyenne, une volonté au service du bien être au lieu d'être au service du profit.
Le film est fort plaisant, et n'a rien de péniblement éducatif (j'avais détesté la présentation méprisante qu'en avait fait "Le petit journal" de Canal plus qui supposait que "l'écologie c'est forcément chiant"). Les images sont belles, la musique est chouette avec de bonnes paroles, les intervenants sont attachants et intelligents. Un réel plaisir, je vous l'assure, et qui peut vous réconcilier avec l'écologie et même la politique . A voir de toute urgence si vous vous souciez un tant soit peu de l'avenir de vos gosses.