Dément
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Dément

Film de Jack Sholder (1982)

Il y a des films comme ça, qui bien qu'ils eurent été élevés au rang de culte outre-atlantique, n'ont jamais atteint nos rives, et hormis un import Z1 non sous-titré, aucune autre possibilité de le voir ne vous sera offerte (si ce n'est lors de l'Etrange Festival, comme ce fut le cas en 2011). Surfant sur la mode du slasher façon Vendredi 13 ou Halloween, la pellicule, dirigée par l'inconnu Jack Sholder (qui nous aura servi plus tard l'excellent Hidden), nous plonge vite dans le bain au travers d'une scène des plus curieuses, puisque c'est un rêve. On pense à Halloween 2, puis, comme si un doute subsistait, Donald Pleasence est de la partie, parodiant le rôle qu'il tenait face au tueur d'Haddonfield, pipe à marijuana au bec, et toujours enclin aux irresponsabilités, comme filer une boite d'allumette à un fou qui s'empressera d'aller foutre le feu. Puis vient la coupure générale dans la ville, justifiant le titre, et permettant à notre de bande de trublions de s'échapper de l'asile afin de pourchasser leurs toubibs et les envoyer ad-patres. Un petit passage à l'armurerie s'imposera, et dans la continuité de la parodie, Sholder nous offrira une scène de frénésie totale où la population s'empressera de dévaliser les magasins comme dans tout bon film apocalyptique qui se mérite, ce qui fera évidemment sourire, tant cette apocalypse paraît désuète. Point important de la trame, et pourtant vite oublié, les tueurs sont quatre, or le dernier ne sera jamais montré, cachant vite son visage avec un masque de hockey, et ça sera finalement au moment où l'on s'y attendra le moins qu'il réapparaîtra.

Bref, Alone in the Dark fait partie de ces films trop sous-estimés, pour ne pas dire tombés dans l'oubli, alors qu'il avait pourtant tout ce qu'il fallait pour en faire un produit culte également chez nous. On se montrera assez déçus par un gore trop peu présent, les protagonistes étant hors-champ au moment où les coups seront assénés (malgré une scène de strangulation servie par un Erland van Lidth effrayant), mais reste néanmoins certains judicieux moments de frissons tranchant littéralement avec le côté parodique de l'oeuvre. Il suffira de voir la scène où une jeune femme se retrouvera pétrifiée sur son lit, le tueur étant en dessous, et donnant des coups de couteaux au-travers du matelas, tentant de l'atteindre. Puis il y a cette scène de siège final, dont le rythme est volontairement cassé par l'arrivée d'un Donald Pleasence complètement stone ainsi que par une fillette qui profite de l'occasion pour réclamer du valium, avant que les choses repartent jusqu'à une surprise inattendue.
Le seul vrai grief que l'on pourrait avoir à son encontre sera les quelques baisses de régime, notamment dans sa première partie, Sholder ne sachant pas trop comment faire démarrer les joyeusetés, et s'endormant un peu trop sur son casting, car oui, le gros atout de ce film est son casting réunissant quatre tronches inoubliables du cinéma. On a Donald Pleasence, puis vient s'ajouter à lui Dwight Schultz, plus connu sous le nom de Looping dans L'agence tous risques, mais surtout Jack Palance, dont le personnage est le plus dur à cerner, et évidemment Martin Landau, incarnant un prêcheur fou comme l'on en trouve que dans les vieux westerns, et véritable mur portant qui viendra solidifier le tout grâce à ses mimiques de taré, chose dont il est l'un des maîtres. Moins connu, le troisième slasher est Erland van Lidth, catcheur professionnel dont on se rappellera surtout pour son rôle dans Running Man (il est d'ailleurs mort en 1987, la même année de la sortie en salles de celui-ci). Pour le dernier, nous n'en parlerons pas, afin de ne pas vous gâcher la surprise.
Pour conclure, les grands maniaques de slashers à la sauce eighties auront là une bonne parodie, bien plus fine et amusante que les Scary Movie et autres productions à l'humour facile. Les autres auront du mal à appréhender la chose, tant elle oscille entre thriller, épouvante et comédie, n'aidant pas le spectateur à savoir sur quel pied danser.
Mention spéciale pour le quatuor composé par Pleasence, Palance, Landau et Schultz. Choisis avec ingéniosité, ils auront su insuffler à l'oeuvre la touche nécessaire afin de la rendre immortelle, ce qu'elle leur aura rendu, puisqu'elle aura permis à ceux-ci de relancer leur carrière à un moment où elle était au point mort.
SlashersHouse
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le 23 févr. 2012

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