Les zombies sont très populaires ses derniers temps, notamment grâce à la fièvre qui entoure The Walking Dead. Mais cela faisait un moment qu'on n'avait pas vu les zombies véritablement utilisés avec intelligence pour représenter autre chose q'un effet de mode de la pop culture. Alors quand le cinéma Sud-coréen s'attaque au film de zombies à grande échelle, lui qui a détrôné un été aux blockbusters hollywoodiens assez faibles et a offert des pépites tels que The Strangers ou Man on High Heels, on lui prête attention. Surtout que le réalisateur Yeon Sang-ho ne se cache pas d'être un grand fan du cinéma de George Romero et promet d'offrir un revival du genre assez intéressant. Signant en plus son premier film live action, ayant avant ça travaillé que sur de l'animation, il a vraiment la possibilité d'apporter une patte visuelle assez inédite au genre.


L'aspect visuel qui sera d'ailleurs le plus gros intérêt du film, celui-ci se voulant être avant tout une expérience sensorielle plus qu'intellectuelle. Il met le spectateur autant à l'affût que ses personnages et instaure très vite le fait que personne n'est à l'abri pour mieux nous entraîner dans un pur voyage aux sensations fortes. C'est vraiment le plus belle réussite du film, cette maîtrise de la tension constante qui rend certains passages insoutenables où l'on s'accroche à son siège et où l'on s'arrête de respirer. Surtout que le film à une gestion du rythme assez brillante, car après un prologue qui pose ses personnages, il lance la menace et ne s'arrête plus. Les moments pour respirer sont rares et fugaces et le tout s'impose comme une fuite en avant constante mais dans un endroit confiné, mettant en parallèle de manière assez habile, l'urgence de fuir mais aussi l'incapacité de bouger. Les mises en situations sont vraiment originales et rarement vu dans un film de zombies arrivant toujours à se renouveler et à palier l'aspect déjà-vu propre aux genres du zombies pour maintenir l'intérêt du spectateur. Surtout que le tout est vraiment soutenu par une mise en scène impeccable de maîtrise. Yeon Sang-ho sait vraiment ce qu'il fait et instaure de l'inventivité dans chacun de ses plans, sachant tirer le meilleur chez la concurrence notamment dans l'aspect très massif des vagues de zombies qui ne sont pas s'en rappeler World War Z ou en cherchant l'inspiration dans son propre travail dans l'animation. Certaines scènes pourrait être tout droit sorties d'un film animé et cela leurs confères une grâce, une poésie et une élégance qui laisse admiratif. Même si le photographie est peut être un peu trop saturée durant les rares passages en extérieur du train ou que le climax manque un peu de force faute à quelques facilités, le tout est d'une virtuosité qui laisse souvent sans voix.


Après on ne peut pas en dire autant du scénario qui se révèle terriblement classique. Même si on dénote une intention assez louable de critiquer les dérives de la société et de l’égoïsme humain, on reste dans une démarche déjà-vu et qui a déjà été fait avec plus de subtilité ailleurs. On est dans une oeuvre au style très coréen et il y a souvent des lourdeurs dans l'écriture qui transparaît aussi dans le surjeu des acteurs. Ce n'est pas foncièrement dérangeant surtout que dans le contexte du film cela fonctionne assez bien mais parfois cela tombe un peu dans le ridicule. Notamment dans la manière très maladroite de forcer un antagoniste dans le groupe des survivants. Même si l'idée paraît logique, cela est fait de manière bien trop lourde et handicap les intentions du récit. Après on reste dans les codes assez classique du film de zombies, on sait qui va vivre et qui va mourir ce qui fait que le tout est très prévisible. Les personnages sont des stéréotypes assez basiques qui ont une évolution peu surprenante et c'est dommage que le film ne prenne pas autant de risque dans son fond qu'il le fait dans sa forme. Cependant, le fait d'expérimenter les mêmes émotions que les personnages à travers la tension distillée par le film, on arrive à s'intéresser à eux et à s’identifier ce qui fait que l'on est pas totalement laissé sur le touche mais il faut reconnaître que ce ne sont pas des personnages qui nous toucherons véritablement. Le tout manque un peu de traitement par moments, et sacrifie sa dimension politique et humaine au profit d'un spectacle trépidant, ce qui n'est pas un mal mais qui aurait paru moins handicapant si le film ne plaçant pas ici et là des pistes de réflexions plutôt passionnantes mais qu'il n'exploite jamais vraiment.


Busanhaeng est un très bon film. Il s'impose même comme le blockbuster le plus impressionnant et tendu de cet été. Le cinéma Sud-coréen frappe encore une fois très fort et s'impose clairement comme le patron d'un été relativement morne au niveau de la concurrence. Après le film possède pas mal de défauts, étant bien trop ancré dans des mécaniques classiques qui le rendent très vite prévisible tandis que son écriture, sans être mauvaise, et quand même relativement faible. Pourtant, l'oeuvre s'impose comme une expérience sensorielle saisissante qui grâce à sa maîtrise et la virtuosité de sa mise en scène, offre des moments de tensions absolument dingue. Rares sont les films à nous faire vivre une telle détresse et en ça, le film de Yeon Sang-ho s'impose comme une flamboyante réussite. Surtout qu'il s'offre le luxe d'offrir des situations assez inédites pour le genre qui transparaisse d'un poésie et d'un grâce propre au cinéma d'animation. Un tour de force admirable qui est aussi le film de zombies le plus élégant et mémorable de ses dernières années.

Frédéric_Perrinot
8

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le 29 août 2016

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