Kurosawa reprend le mythe du « bon sauvage », et dans ce film d’aventure et d’amitié prône la réconciliation de l’homme et de la nature (n’ayez crainte, le message n’est pas lourd ou culpabilisant, Kurosawa a assez de talent pour ne pas être pontifiant). Ce « bon sauvage » donc, c’est Dersou Ouzala. Un Golde (ethnie de l’extrême orient russe) vivant dans la nature belle et redoutable de la Taïga. Apparition fantastique, pris pour un ours, il deviendra le guide du Capitaine Arséniev et de ses hommes venus cartographier la région au début du XXè siècle. Plus que montrer la route et ses talents de pisteur/chasseur, c’est toute une philosophie imposée par la nature dans laquelle il vit qu’il enseignera peu à peu au Capitaine. Rien de didactique dans cet enseignement, tout se fait naturellement grâce à la personnalité de Dersou Ouzala. Simple, humble, bon, altruiste, il déborde d’une humanité qui fascine Arséniev. Dès lors une relation maître-élève s’établit avant de se transformer en une véritable amitié basée sur le respect mutuel.
A travers ces deux hommes, leur relation et leurs aventures, Kurosawa nous montre toute sa faculté à filmer la nature (les plans sont magnifiques et ce film mériterait vraiment une restauration) et nous prévient : l’homme « civilisé », s’il ne renoue pas avec la nature, se condamne à un lent suicide.