"Coooooommmmmennt mais tu n'as pas compris la profondeur délicieuse du nanar que tu avais entre les mains?"
Si, n'ayez crainte. Je me suis largement délectée du petit bijou d'une absurdité et d'une mauvaise foi inégalées.
Mais la jeune fille et son ciré n'ont pas la force de fascination d'Ilsa, alors bref, passons sur la note, et critiquons que diable!

Habile jeu de mot, dont on vantera encore longtemps la finesse.


Commençons donc dans une contrée lointaine et forestière, où un homme, s'étant visiblement inspiré de la physionomie de Mickey Rourke, se débat avec une corde de camping. Passons sur le ridicule dont il est immédiatement entaché, même Laurence Boccolini elle en veut pas de ce gros naze. Gros naze qui vient apparemment de trucider un campeur (c'était donc la tente qui se vengeait en agrippant les pieds du gros naze, un coup à rebooster votre foi en la fidélité des tentes) qui s'obstine à pisser - littéralement et à très grands jets- du sang par son orifice ventral. C'est dégueu. Quelle boucherie. D'où sort un tel monstre tueur de campeurs? Mesdames Messieurs, passons-nous d'explications sur son enfance traumatisante et autres justifications profondes et psychologiques car oui, tout est clair : le gros naze est un nazi (sans jeux de mots cette fois-ci). Nous ne sommes qu'à 30 secondes du début de film, et déjà le point Godwin est atteint car rien, rien vous dis-je, ne justifie la présence de son costume SS. La suite du film reste muette sur son ralliement à la Wermacht. Il est nazi, donc sanguinaire, moche et con, voilà une raison amplement suffisante. Mickey Rourke se détourne ensuite pour observer une jeune fille arriver, sautillante et guillerette, son fagot de bois au bras, tel un petit chaperon rouge sous DTM. Le spectateur est heureux : commence ainsi l'odyssée d'un slasher nazi mal botoxé, avouez que c'est vendeur.

Que nenni, car nous quittons le bonhomme pour rejoindre un couple en voiture, et oh on l'aime déjà. Un goût assuré dans les fringues et un jeu à l'épreuve de toute artificialité, sorti tout droit des cours de Stanislavski. Nous apprenons avec bonheur, à cette occasion, que nous sommes en Floride (c'est la plaque d'immatriculation qui l'a dit), et oui, en effet, il me semblait bien apercevoir les Rocheuses. Un pneu crève - c'est ballot. Monsieur répare pendant que madame entame un échange visuel catchy avec un chat qui se situe (si on en croit les images) à un bon 10 kilomètres de là. Oeil de lynx, quand tu nous tiens. Parce qu'elle n'est pas du tout sous les mêmes substances illicites que les autres, la jeune blonde, habillée comme une nonne sortie de son patelin, parcourt donc ladite distance pour aller voir le chat de plus près (à cette distance, moi aussi j'eusse été intriguée par un point noir sur la paroi rocheuse). S'ensuit une scène dont je n'ai toujours pas saisi les profondeurs abyssales du potentiel qu'elle ouvrait là : le chat est littéralement jeté sur la bonne femme qui a les mains en sang, mais en fait non, parce que son mari s'est marié avec elle pour ses mains (hum, qui a dit "cochon"? Je lui rétorque "romantique"). À la suite de ce passage hermétique à souhait, nos gaillards reprennent le volant, mais comme monsieur n'est pas bon réparateur, leur voiture cale devant un grand château gothique. Comment, ils ont des chateaux gothiques en Floride? Sacré Launois, ça sent la Bretagne à plein nez ton histoire. Ils s'y réfugient, puisque la pluie tombe, que Jean-Sébastien Bach passé à la moulinette synthétique retentit, et que cette charmante demeure fait hôtel. Leurs hôtes, deux vieux rabougris très américains eux aussi, leurs racontent alors une bien curieuse légende...

Je ne détaillerais pas la suite, de peur de spoiler un film aux ressources aussi surprenantes qu'inventives. Vous m'en tiendriez rigueur, et vous auriez raison.
Pêle-mêle cependant :
- Une mimi cracra en bottes & ciré jaune (vous avez un gilet jaune dans votre voiture? Peuh! elle a sa tenue de pêcheur elle) qui coure dans la gadoue en tenue légère
- des soldats anglais qui allument de grands braséros torse nu comme des hommes viriles pour faire échouer un bateau qui non, n'est pas du tout en papier mâché
- une fiancée très pharaonique et très expressive (qui a engagé Kristen Stewart dans cette affaire?)
- un cheval diabolique qui peut être en même temps devant le chateau, en plein milieu dans champ et au beau détour de la forêt (ou alors c'est les décors qui sont sérieusement alambiqués)
- ledit cheval qui se contente de hennir et lever les pattes pour toute manifestation diabolique (à ce prix-là, ils auraient pu engager tout un troupeau de chien, ça aurait quand même eu une autre gueule)
- un couple de vieux gratinés et sacrés défoncés du cerveau, on les adore : le vieux dit à la vieille d'arrêter de raconter ce ramassis de conneries sur la légende de pharaon parce que c'est du pipeau de vieilles femmes, mais bat la campagne pendant la nuit pour se faire le cheval du Diable en personne (d'où l'expression "rater un cheval dans un pré breton", tirée tout droit d'une scène hallucinante, répétée à l'envie, dans laquelle le vieux tire dans un décor alors que le cheval n'est clairement pas dans le même champ que lui, et ce toute la nuit durant)
- une vieille gitane au sens éthico-moralo-familial à toute épreuve : "T'as raison, ma fille est morte, il n'y a pas de raison qu'elle n'y passe pas aussi"
- une momie qui passe bien 15 minutes à cracher des bulles bubble-gommeuses bleues ET QUI NE FAIT ABSOLUMENT RIEN D'AUTRE, alors pourquoi on s'attarde autant sur elle? Foutu CSA, foutu temps de parole
- un chat qui sert un peu de deus ex machina quand il faut ...
- ... voire carrément de justification à un twist final totalement vautré qui tente désespérément de redonner un peu de profondeur au scénario

Pour le reste je ne sais plus, tout a fini par se mélanger dans mon pauvre cerveau meurtri. Encore une confirmation que la Bretagne, ça craint.
lultrafame
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le 29 mars 2012

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lultrafame

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