Diary of the dead date de la fin d'une époque où on passait encore les films d'horreur de grands réalisateurs en salle, et pas juste des blockbusters de merde estampillés "par les producteurs de paranormal activity", ou alors de l'horreur tous publics avec Brad Pitt en tête d'affiche.
Au moins avec Diary of the dead, j'ai pu voir un film de Romero au cinéma, le tout dernier à bénéficier de ce traitement en France. Et il n'est resté que 2 semaines en salle.
J'avais bien aimé à l'époque, mais j'étais jeune, et déjà en ce temps beaucoup d'amateurs du genre disaient beaucoup de mal du film. Je devais le revoir pour pouvoir me faire un avis définitif.


Une chose me dérangeait déjà il y a quelques années : avant que le film ne sorte, on pensait que Romero allait repartir à zéro, alors que finalement il a été annoncé que Diary of the dead se passait en même temps que La nuit des morts-vivants. Je ne sais pas si c'est vrai, mais Diary se passe dans les années 2000, donc il y a une incohérence.
J'avais aussi été gêné par la répétitivité du scénario : les personnages arrivent dans un nouveau lieu, quelqu'un meurt, ils repartent ailleurs, et le cycle recommence, jusqu'à la fin du film.
J'ai plus de discernement maintenant, et des défauts m'ont sauté aux yeux dès le début du revisionnage.
La première séquence nous présente la première manifestation filmée des zombies, quand les gens ne savent pas encore que les morts se relèvent de leur tombe. Quand un jeune homme de 16 ans abattu par son père se relève de son brancard, et qu’il essaye d’agripper une policière, le premier réflexe de ses collègues c’est… de tirer sur le gamin, alors qu’il est désarmé !
Ce qu’on voit là est censé provenir des rushes d’un journaliste qui a uploadé ses vidéos sur internet, mais ces images sont étalonnées de sorte à avoir un ton orangé ; si on veut rester cohérent, soit le mec a pris le temps d’étalonner ses images, soit il ne sait vraiment pas faire une balance des blancs !
Tout le reste de Diary of the dead est censé être un montage d’un des héros de ce qu’ils ont filmé au jour le jour lors de l’invasion zombies. La narratrice nous explique qu’elle a mis de la musique dans son montage car elle veut non seulement raconter la vérité, mais aussi effrayer les spectateurs, pour les réveiller. Je pense que quand le monde entier est envahi par des zombies, on n’a pas besoin d’être réveillés, et on a d’autres préoccupations que de monter un film d’1h30 ! Et qui perdrait du temps à le regarder ?
Mais apparemment, au premier upload sur Myspace de quelques vidéos filmées par les héros, il y a 72000 clics en 8 minutes. J’en ai ri. Diary of the dead repose sur le principe que de nos jours, n’importe qui dans le monde a de quoi filmer et documenter ce qui lui arrive, puis l’envoyer rapidement sur internet. Le film nous montre d’ailleurs que n’importe qui envoie en ligne ses vidéos à propos des zombies, ce qui rend encore moins crédible ce nombre de vues stupéfiant pour les vidéos quelconques des protagonistes.


Les personnages principaux sont des étudiants en école de cinéma qui, même avant l’invasion, filment en permanence avec la caméra qu'ils sont censés, au départ, utiliser pour le tournage de leur film de fin d’année. Ce n’est pas comme ça qu’ils risquent d’avoir leur diplôme. Diary of the dead a les défauts habituels du film "found footage" : c’est mal cadré (exprès), mais miraculeusement la caméra, même quand elle est posée, est toujours tournée vers là où se déroule l’action.
On nous montre même les moments inintéressants, les coupes sont mal placées, les transitions sont inesthétiques ; le montage est plein de défauts qui font "vrai", je suppose, mais ne rend pas le film crédible en tant que travail d’étudiants en cinéma.
Ces jeunes gens sont accompagnés d’un personnage risible de professeur alcoolique et blasé, qui parle de la facilité de tuer en temps de guerre, etc…
Le héros, celui avec la caméra toujours collée à son visage, est inexplicablement en couple avec une fille qui a en dans le pantalon, alors que lui est de loin le plus passif du groupe. Quand quelqu’un est en danger, il ne bouge pas, il se contente de filmer, et à aucun moment il ne sort un seul mot de soutien envers sa copine.
On ne croit pas en ces personnages, ni en leurs dialogues saugrenus, même s’il faut avouer que les acteurs sont bons. Ils arrivent à sortir les conneries du scénario de façon naturelle, comme s’ils y croyaient vraiment (alors que je ne conçois pas que ce soit le cas).
Et dans un monde envahi par les zombies, ils décident d’aller dans un hôpital, ils laissent les portes de chez eux ouvertes, …


Romero essaye de faire passer un message sur les crimes de guerre, et sur les mensonges du gouvernement, avec une allusion directe aux armes de destruction massive à un moment, mais il échoue à inclure son propos de façon cohérente dans son histoire de zombies. Quand on voit que les zombies ont envahi les USA et attaqué déjà plusieurs fois nos héros, comment croire en ce personnage de militaire qui prétend que les zombies sont de simples malades ?
Même en tant que simple film de type "survival", Diary of the dead ennuie. On n’a pas peur, on ne s’amuse pas, il n’y a rien de bien nouveau. Romero réutilise même une idée qui était déjà dans Land of the dead, celle du personnage qu’on prend pour un zombie, sauf que ce n’est plus un grand brûlé qui en fait les frais, mais un amish sourd-muet !


Quel gâchis.
Par contre je soutiens que Land of the dead est un bon film, si on excepte sa fin.


PS : Ah sinon Bac films a fait un bon boulot pour le menu DVD, un faux écran d'ordinateur avec un site de streaming montrant des vidéos de l'invasion, et sur la gauche des dossiers qui correspondent chacun à un menu.

Fry3000
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le 14 juil. 2013

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Wykydtron IV

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