Deux comédiens enregistrent quelques extraits de la correspondance amoureuse de Ingeborg Bachmann et Paul Celan. Il y a une circulation incessante du réel et de la fiction (ou plutôt de la fictionnalisation) qui ne cesse d'animer le spectateur pendant la projection. C'est-à-dire que la correspondance des deux poètes est réelle, mais écrite et lue par des comédiens, donc fictionnalisée ; et les deux comédiens, qu'on suit aussi dans les couloirs du lieu où ils enregistrent, nouent une relation qui est pleine d'amorces, pleine de récits possibles. Une balance se crée, entre les deux poètes et les deux comédiens, qui est très stimulante en termes de cinéma.
Cela dit c'est un peu lisse - cette cinéaste fait toujours des films parfaits mais lisses, un peu trop clos sur eux-mêmes, pudiques : je me demande toujours, quand je vois un film de Ruth Beckermann, pourquoi a-t-elle choisi ce sujet pas n'importe quel autre ? Il semblerait (c'est une qualité mais aussi une limite) qu'elle puisse tout traiter, s'intéresser à tout.