Piège de Cristal m'avait bluffé, 58 min pour Vivre m'avait diverti sans plus, Une journée en Enfer m'avait épaté et Die Hard 4 n'était pas si mauvais que ça et se révélait être un bon divertissement, même si certains codes étaient plus ou moins reniés. Mais avec Belle journée pour mourir, que les fans de la saga Die Hard se préparent à déchanter : John Moore nous a pondu une véritable purge mentale, indigne de tout ce qui a été réalisé à présent sur la saga. Avec ce cinquième opus, même les détracteurs de Die Hard 4 regretteront leur propos.

Faut dire que filer les rênes de la saga à John Moore était déjà en soi un suicide artistique. Il était à l'origine d'un affront à tous les fans de l'un des meilleurs Third Person Shooter sorti sur console : Max Payne. Le pire ici, c'est qu'il reprend certains codes vidéoludiques actuelles pour les intégrer dans une saga qui n'a strictement aucun lien avec le monde du jeu vidéo. Suis-je le seul à avoir penser à Call of Duty quand on voit la place de la Russie dans l'intrigue ou lorsque on entend le nom Komorov (qui n'a pas pensé Makarov ? Ok tous les noms russes se ressemblent mais tout de même). Même l'intrigue rappelle certains éléments de la saga Modern Warfare. Il est question d'arme nucléaire, de Tchernobyl, de trahison, d'une mission suicidaire à Prypiat. Enfin c'est clair, John McClane est Capitaine Price. C'est une image qui m'a sauté aux yeux. L’exagération de certaines séquences m'a renvoyé à tous les effets pyrotechniques du jeu vidéo (l'hélicoptère). Mais si ce n'était que ça le problème, on excuserait cela par l'excuse "d'un effort notable de s'adapter à la génération vidéoludique et qui fait référence à l'une des sagas les plus lucratives de ces dernières années".

Mais l'essence même de la saga est raté. Je n'ai rien retrouvé de ce qui faisait le charme des volets de McTiernan. Les phrases badass de McClane sont balancées comme dans un cahier des charges, pour tout de même faire prendre conscience au spectateur que OUI NOUS SOMMES BIEN DANS UN VOLET DE LA SAGA DIE HARD. Je n'ai jamais autant détesté entendre McClane dire son son fameux "Yippie-Kai-Yay". Fini le policier présent au mauvais endroit, au mauvais moment. C'est lui qui se dirige dans la gueule du loup. On a l'impression qu'il s'amuse (suffit de voir le moment, où il sort une mitrailleuse et enchaîne les kills dans un couloir). Déjà ça, c'était effarant ! McClane n'est devenu plus que l'ombre de lui-même : un vulgaire cow-boy qui se croit dominer le monde et arriver en Russie en lâchant à tout va des répliques qui n'ont plus ce côté cinglant. J'ai d'ailleurs détesté cette séquence, censée être drôle, où il frappe un russe simplement parce qu'il ne comprend la langue. Image même de l'Amérique qui se croit supérieur au reste du monde. Dans Belle Journée pour Mourir, il n'y a d'ailleurs plus cette forme d'humour si cher à la série. McClane est devenu vieux et vaseux. Les échanges avec son fils sont d'une niaiserie et d'un égocentrisme incroyable, comment s'identifier à ce gars qui déjà en soi nous répugne ? Mais là encore on lui pardonnerait s'il y avait d'excellentes séquences d'actions qui nous ferait savourer ce petit plaisir coupable comme une friandise à la Fast and Furious.

Mais même l'action, Moore réussit à la foirer. Signalons déjà les incohérences monstrueuses de l'explosion du Palais de Justice et de l’absence totale de policier en Russie (!!!). La course poursuite (qui sera finalement la meilleure séquence du film) n'est qu'une suite de carambolages et de tôles froissées. On se croirait dans Taxi. Le tout est filmé avec la grâce d'une baleine épileptique. C'est bien simple, on sent que Moore veut filmer plein de trucs sous plein d'angles différents mais le montage ne fait qu'enchaîner des plans de deux secondes. Illisible, zoomé à tout va avec une caméra qui n'est jamais stable, l'ensemble du film restera sur ce schéma désagréable pour la bonne lecture du film. Je passe en revue les deux autres moments phares du film. On promettait une heure trente frénétique, personnellement je me suis royalement ennuyé. Si vous voulez plus d'actions, retournez à Die Hard 4 ! La seule consolation de Die Hard 5, c'est qu'il revalorise le quatrième opus. La séquence dans l'immeuble en travaux est une incohérence à elle toute seule. Entre de trop grosses facilités scénaristiques et le ridicule de l'échange entre le "larbin bad guy" du film et Père & Fils McClane, la séquence achève toute crédibilité lorsqu'un hélicoptère s'en mêle. On notera de sévères effets numériques grossiers. La dernière séquence d'action à Prypiat vaut son pesant d'or dans la nullité. Je ne me remet toujours pas de cette séquence Direct to Nanarland où Dans un geste suicidaire l'hélicoptère fonce vers l'immeuble où sont les McClane. S'ensuit une nouvelle fois, un geste suicidaire. Mais si ce n'était que ça le problème. Et si on pouvait espérer que le scénario, son traitement et les acteurs rehausseraient le niveau du film ?

Mais définitivement non ! On a une histoire vu et revu sur fond d’abracadabrantesque, de terrorismes russes, de trahison et de l'intervention de la famille McClane sur le point d'empêcher un conflit mondial. On sent une intrigue qui n'est que prétexte pour inscrire le nom Bruce Willis et Die Hard sur l'affiche. Médiocre, pathétique, stéréotypé, usant de twists lourdingues, l'intrigue de ce volet est tout simplement le pire scénario à échelle Blockbuster qui ait dû être fait jusqu'à présent. Willis semble avoir perdu la saveur d'antan et se contente de caricaturer son personnage. Jay Courtney est insupportable, imbu de lui-même tandis que son père, le grand McClane se place comme un boulet à ses côtés. Je ne parle pas des méchants, stéréotypes à eux-tout seuls. Le jeu d'acteurs enterre définitivement le film.

Belle Journée pour Mourir, c'est la grosse déception de l'année. Une purge mentale intolérable en 2013. Moore confirme son statut de faiseur endoctriné par la logique des producteurs et studios, et non de scénariste. Son montage est insupportable. Aucune séquence n'est réellement lisible. La présence du fils McClane n'apporte rien et agace plus qu'autre chose. Le scénario enchaîne facilités et incohérence. Je n'ai concrètement rien à retenir de ce film, si ce n'est la déception immense d'avoir perdu une saga d'action génial. Je m'en vais retourner à Expendables 2.

McTiernan peut se retourner dans sa prison.

Créée

le 21 févr. 2013

Modifiée

le 23 févr. 2013

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Kévin List

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