Les grosses productions françaises de genre sont rares, si on enlève la comédie. Les grandes fresques historiques encore plus, si on enlève Bertrand Tavernier. Et les films de guerre sont quasi inexistant.
Alors ce film-là doit retenir toutes les attentions. L'histoire malheureusement pas assez connue de la défaite française de Dien Bien Phu, ici réalisée par Pierre Schoendoerffer, lui même ancien combattant dont la filmographie reste traumatisée par les conflits de décolonisation, est l'égal français de ce qu'est Il faut sauver le Soldat Ryan de Spielberg pour les Etats Unis, sans l'action hollywoodienne. Décors naturels gigantesques, pyrotechnie hallucinante, moyens considérables (avions, bateaux, armes, figurants, costumes) et acteurs méconnus mais parfaits. La production se paye même le luxe d'avoir son acteur international, le non moins formidable Donald Pleasence, et une magnifique musique de Michel Legrand. Les troubles d'un conflit si loin et presque oublié n'auront jamais été filmés d'aussi près, dans la psychologie des soldats français même. Ce moment de tristesse où le personnage de Donald Pleasence se retrouve seul dans un bar qui résonne de la présence fantômatique des soldats partis au front. Un grand film immanquable.