Dies Irae, ou comment un court-métrage de 2003, réalisé avec deux pauvres bouts de ficelle, mais déjà avec beaucoup d'idées par un jeune Lyonnais, a pu donner naissance à une véritable série culte — avec une forte fan base — dont on cite plus que jamais quelques répliques aussi savoureuses qu'inoubliables, plus de vingt ans après.
Certes, l'éclairage des plans — un coup trop sombre, un coup trop lumineux — contraste avec la maîtrise visuelle à venir, rendue possible par davantage de moyens et des techniciens professionnels (quand on a M6 derrière, c'est sûr qu'il ne pouvait pas en être autrement !). Certes, les caractéristiques de chacun des personnages ne sont pas encore aussi bien définies. Les chevaliers de la Table ronde forment ici quasi uniquement une bande de gros faisans plus préoccupés par leur estomac que par la quête du Graal, au grand désespoir d'Arthur. En seulement quatorze minutes, et avec la seule expectative de ne pas aller plus loin sur le sujet que ce petit film, le contraire aurait été étonnant.
Mais le talent est là : par la présence d'Alexandre Astier en roi, évidemment, mais aussi par celle des acteurs jouant les différents chevaliers (et Jacques Chambon en Merlin !), qui retrouveront tous leur rôle — à l'exception de Simon Astier, qui joue ici un simple coupe-citron, mais qui montera en grade (par contre, pas en QI !) en devenant Yvain, l'Orphelin de Carmélite ! Pourquoi changer une équipe qui gagne et qui brille autant ?
Le ton est là aussi. Comme le faisaient magistralement des génies de la comédie comme les ZAZ ou les Monty Python, le début adopte un ton sérieux pour virer, en un seul instant, au ridicule. Dans le cas de Dies Irae, on commence par une ambiance ultra-solennelle pour plonger dans des préoccupations bien terre à terre. Le décalage entre les deux apporte le rire avec lui, qui ne lâche pas le spectateur jusqu'à la fin. Bref, on a un beau germe de ce que sera Kaamelott. Faites sonner le cor...