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J'ai pas vraiment accroché.


J'ai trouvé ça malhonnête et indécent. Parce que le film te donne l'impression que la misère c'est beau, c'est bien. C'est le genre de truc un peu insupportable, qui veut rassurer le spectateur. Oui on va s'en sortir, regardez même ce pauvre gosse plein de rêves dans la tête y parvient et regardez comme c'est beau, écoutez comme ce qu'il dit est intelligent. Un film plein d'humanisme quoi. Je me demande si ça ne serait pas ça qu'on appeler un film pour bobos, le genre à les rassurer dans leur petit confort : ha ben ça va, s'ils sont heureux je n'ai plus trop à m'en faire pour eux, quand je pense que j'ai failli verser une larme quand il a failli se faire virer...


C'est un peu du misérabilisme, mais pris à l'envers. On cherche l'émois au travers de la contemplation de la misère, mais un émois positif, pas un émois qui fout les boules. En tous cas, c'est du misérabilisme, parce que l'auteur ne donne rien d'autres au spectateur que des témoignages tristounets la plupart du temps, plein d'espoir, parfois désespérés, parfois cons, parfois intelligents. Ben oui, le réalisateur, pas original pour un sou, veut absolument casser l'image manichéenne que l'on pourrait se faire : oui ce gosse est un peu con, il est impulsif, il se tient mal à l'école, il ne bosse pas assez, mais en même temps il montre qu'il veut réussir et qu'il s'épanouit enfin en société grâce à ce travail et que cela le pousse à dire et faire des choses bonnes. Sauf qu'on ne voit rien du tout en fait, on se contente de les laisser parler. Si on avait pu voir les conneries commises par cet ado, ça aurait un peu cassé cette impression de misérabilisme et même mieux, ça aurait permis d'avoir des situations narratives, des situations où il se passe des choses ou il suffit pas juste d'écouter ce que le gosse raconte. C'est ça en fait qui m'a vraiment gêné.


Dans "Strip Tease", on touche à la misère, mais au travers de situation et les auteurs prennent de la distance pour en montrer l'absurdité, pour susciter le rire. Il y a un petit travail sur le sujet. Ici, il n'y a rien du tout, c'est très premier degré. Je me demande si le réalisateur pleurait chaque matin lors du petit déj croissant-café en racontant le tournage de la veille à ses amis. Mais pourquoi ne pas raconter réellement quelque chose, pourquoi ne pas se salir les mains, les foutre dans le cambouis à l'instar de cet ado qui apprend son futur métier.


J'ai aussi pensé à une autre sérié documentaire belge dont je ne reviens plus sur le nom, qui consistait simplement à interroger des enfants sur des sujets philosophiques. Bon, mon souvenir est assez flou, ça date d'il y a plus de 15 ans ; ce qui était bien c'est que les mêmes enfants revenaient chaque année, du coup on les voyait grandir physiquement mais aussi mentalement. Le portrait était nettement moins condescendants, même s'il y avait un côté bienveillant un peu poussif. Ici non plus je n'ai jamais ressenti autre chose que de la bienveillance, mais dans cette ancienne émission, c'était un moyen d'aborder des sujets de société de manière originale. Ici, je le répète, il ne se passe rien d'autre que de voir cet ado confier ses rêves et ses désillusions. C'est tellement maigre.


C'est donc malhonnête parce que ça donne une idée un peu fantasmée de la vie sans rien construire autour. Et c'est indécent parce que l'auteur insiste lourdement. À un moment, vers la fin, je pense que le réalisateur espérait que le jeune homme ait une petite larme à l’œil pendant son discours. Cela aurait été du plus bel effet, c'est certain, mais je me suis dit que si ça arrivait alors on aurait touché le fond et j'aurais alors retiré un point au total. Parce que bon, faut pas déconner, ne rien raconter et en plus filmer en gros plan un gosse qui pleurniche, ç'aurait été pire que de l'indécence. Et je suis certain que le réalisateur n'aurait pas coupé, il aurait filmé et monté ça.


Niveau mise en scène, là, faut bien dire ce qui est, c'est réussi. C'est joli à regarder (ahhh la bonne vieille pellicule, ça participe certes à la pollution de notre bonne vieille planète, mais quelque part ça en vaut le coup hein ? vu le rendu de l'image). Les compositions de cadre ne sont pas particulièrement remarquable, on est plutôt dans une rapproche naturelle, où on filme spontanément les choses et surtout simplement, sans trop de chichi. Cela n'empêche pas d'avoir de jolis plans mais on sent que ça n'était pas la priorité.


Bref, "Dix-sept ans" est un documentaire trop pauvre narrativement, l'auteur n'ayant pas grand chose à dire au travers de ce portrait si ce n'est que c'est beau la misère et qu'un petit jeune qui fout le bordel en classe peut être touchant et même énoncer des vérités philosophiques édifiantes. Si au moins on voyait les choses dont ils parlent, ça mettrait un peu d'action, ça nourrirait l'histoire, ça rendrait le tout moins misérabiliste, moins plaintif, moins 'regardez comme c'est bô la vie et la misère'. Dommage.

Fatpooper
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le 22 juil. 2016

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