Extrait d'une petite réunion chez Titanus du 15 octobre 1967 (traduit de l'italien en français par mes soins) :

"_Salut Ferdinando, comment ça va !?

_Bonjour monsieur le directeur, ça va super merci, je viens de finir le tournage du film... mince... comment il s'appelle déjà... Bon en tout cas y'a Terence dedans ça va bien marcher !

_Ah super super, toujours le même scénario ?

_Ouais m'sieur

_T'as bien mis des gros plans sur les visages comme il fait le Leone ?

_Oui, et j'ai aussi demander aux acteurs de toujours avoir la même posture faciale lors des prises, pas de pluralisme d'expressions tout comme Eastwood.

_Bien, bien... Bon tu m'envoie les copies ce soir, on le sort la semaine prochaine. Ah et au fait les patrons m'ont chargé de te dire que tu te remet au travail demain pour un nouveau film.

_Quelles sont les directives ?

_Oh reste banal, de toutes façons les codes sont toujours les mêmes, tu nous prend Terence il fera très bien l'affaire avec sa tête sérieuse et carrée. Morricone est trop cher mais j'ai entendu parler des frères Reverberi qui auraient toutes les qualités pour nous sortir une belle bande son, essaye de te les dégoter. Et dit moi, t'as vu Agent 3s3 de Sergio Sollima qui est sorti y'a 2 ans ?

_Oui, j'y suis aller deux fois même !

_Alors tu te rappel sûrement de la bonne femme qui jouais l'un des rôles principaux, prend la pour ton film, tu lui met 2-3 lignes et surtout de beaux plans sur son visage histoire qu'elle ai le même effet sur le public que dans ses autres films hahaha.

_Hahaha je m'en charge.

_Bon ma secrétaire t'enverra ce soir tous les éléments à mettre dans ton film, ah oui et surtout essaye de nous sortir une belle morale de fin, des duels et bastons à foison, bref tout ce que le spectateur aime.

_C'est noté, alors on se dit à dans un mois.

_À dans un mois mon cher, un bon merde pour le tournage et passe le bonjour à ta femme de ma part !

_Je n'y manquerai pas, pour ce qui est du film j'ai déjà quelques idées en tête ou j'aborderai la vengeance et la corruption, c'est classique mais je pense que ça marchera pour les gens..."

Eh bah croyez le ou non, 55 ans plus tard l'idée a marché pour moi !

C'est assez triste d'ailleurs qu'il y ai si peu de notes sur ce film car certes il ne se différencie pas vraiment des autres W-S (Western Spagethi pour ceux qui suivent) mais il a la qualité d'en être un des mieux réussi. Parceque quand on aborde ce genre de film, on attend du spectacle bien sûr, mais au delà de ça on veut l'essence du Western : du banditisme et un donneur de leçons. Et ce donneur de leçons n'est autre que la belle gueule de Terence Hill qui endosse aussi bien les rôles comiques (mention spéciale à son mémorable duo avec Bud Spencer) que les rôles plus diligents avec son captivant regard aux yeux bleus pouvant être très austères.

De plus, c'est toujours un immense plaisir de regarder des œuvres qui héritent de la trilogie du dollar. Le personnage que l'on suit n'est plus Le grand McLintock qui va humilier sa femme publiquement en lui mettant une fessée mais un ami, un amant, un amoureux, un amateur de sentiments (j'ai écrit ces derniers mots en les chantonnant.. je vous invite à faire pareil) qui ne cherche pas à mettre un point d'honneur sur la situation féminine (certe il n'y a qu'une seule réelle actrice dans ce film, mais c'est le temps qui veut ça).

Étant donné l'excellente expérience que j'ai eu pour Kill Bill, Old Boy ou La mariée était en noir, je ne pouvais qu'adorer ce film à l'humeur vengeresse où le voyage (la préparation de notre Django) en est plus beau que la destination (l'affrontement final).

La notion de justice que nous aimons tant retrouver sous différentes formes dans les Westerns s'apparente ici à un périple Monté-Cristain accompagné tout du long par une musique mémorable qui s'ajoutera fort vite à votre play list.

Je tiens à conclure cette critique par un beau dialogue de fin que je ne considère pas comme un spoil en sois mais si vous en avez peur, considérez que j'ai finis quelques lignes plus haut. Il résume parfaitement le vice et la vertu de ce film, et la morale de ce temps :

"_(Notre cher méchant) Je te propose moitié moitié, c'est honnête non ?

_(Notre cher Django) La vie de ma femme valait 100 fois plus que ce que tu m'offres.

_J'tai donné 2 bons conseils tu n'as pas voulu m'écouter, je suis près à t'en donner encore un mais je te préviens cette fois-ci ce sera le dernier... Ne sois pas ridicule, oublie ce qui nous a divisés c'est une vieille histoire, c'est du passé tout ça. Allons, regarde la vie en face.

_Tu n'as vécu que pour voler et tuer pendant cinq ans, un jour où l'autre les crimes se payent. J'vais te donner un bon conseil à mon tour : Prie si tu peux."

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le 2 mars 2023

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PabloEscrobar

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