Très bon Western. Parfait ? Pas vraiment.

Après The Hobbit, l'oeuvre dont le nom résonne depuis quelques semaines dans nos rues est maintenant celle-ci. "Django Unchained" est en effet un très bon film, il souffre toutefois de quelques défauts que je me suis chargé d'énumérer et de développer ici. Je commencerai cependant par des aspects plus positifs, car ils ont selon moi plus d'importance dans le ressentiment final du spectateur.

Tout d'abord, les personnages ; très variés, leurs personnalités pour les plus importants sont délicieuses et on apprécie vraiment de les voir interagir entre eux. En fait, j'ai menti, car c'est ici que je citerai le premier défaut démoulé dans cette critique : le rôle de Di Caprio, bien peu approfondi comparé à ce qu'on était en droit d'espérer ; et encore, c'est pas comme si on avait simplement collé un petit rôle à un grand acteur, là, on a un acteur important jouant un rôle important, le problème réside dans le script : on reste un peu sur sa faim par le fait que la présence du personnage soit si brève. Parlons maintenant de Django ("the D is silent") interprété par Jamie Foxx. Soyons clair, son rôle lui va à ravir, on adhère immédiatement à son jeu, sans lui, le long-métrage perdrait de sa splendeur (sans pour autant devenir un navet (Coucou "Intouchables" !)), son charisme est une précieuse couche de vernis sur une barque déjà fort bien bâtie. Je ne m'attarderai guère plus sur les personnages dans leur individualité, mais gardez à l'esprit qu'aucun ne tombe dans la banalité (pour les personnages principaux, comprenez-bien).

Le scénario à présent. Il est prompt à garder ardent l'intérêt du spectateur malgré quelques passages à vides, des moments un peu morts, je pense notamment à la partie du film prenant place en hiver ou au déroulement de l'intrigue assez mal maîtrisé sur la fin de l'oeuvre (je n'en dirai pas plus par soucis de spoil). Une narration quelque peu farfelue donc ; Tarantino fera cependant le choix de superposer deux trames (le travail de Django pour Dr Schultz et sa quête de retrouver sa femme), l'une menant à l'autre c'est un modèle scénaristique très usuel mais efficace de par sa fluidité.

Aspect viscéral du long-métrage : la bande-son. Issue d'un assemblage de morceaux provenant de la bibliothèque de Tarantino, elle brille par sa variété autant que par sa qualité. Le thème "Django" de Luis Bacalov, Ennio Morricone, Jim Croce, Jamie Foxx lui même (en duo avec le rappeur Rick Ross), John Legend, James Brow, 2 Pac… Délectable patchwork que voilà, la bande-son est un des plus gros points forts de "Django Unchained".

Ainsi, le dernier-né de Quentin Tarantino est bien un vrai régal malgré les quelques vices dont il souffre. On retrouve le talent mis à l'oeuvre dans "Inglorious Basterds" (et les autres, mais celui-ci en particulier) avec la scène du bar de ce dernier considérable comme la soeur spirituelle de celle de la négociation dans la maison du négrier de "Django Unchained", le sang giclant par paquets (par dizaines de paquets, dirais-je même) toujours jouissif à contempler, un style exceptionnel dans la façon de filmer, et un casting sélectionné avec génie. La côte dont il jouit en ce moment est sans doutes au dessus de sa trempe réelle, aussi allez le voir sans vous attendre à la perfection, mais il s'agit tout de même d'un bel étalon dans le Western spaghetti, à ne surtout pas rater pour les fans du genre comme pour les autres.
Kronthal
8
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le 24 févr. 2013

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Kronthal

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