Je ne suis pas suffisamment au fait de la filmographie du sieur Tarantino et ayant quelques carences, je ne viendrais pas vous dire que Django Unchained fait partie de ses meilleurs films ou non. Par contre je n’hésiterais pas à exprimer ce que je ressens devant cette œuvre complètement folle, qui m’a simplement cloué à mon siège, moi jeune cinéphile qui s’attendait à un western assez commun.

D’autant plus que je n’ai que très peu d’affinités avec le genre du western, le seul que j’ai vu étant probablement Rio Bravo. Ma surprise devant Django résulte aussi d’une chose simple à laquelle je m’attelle régulièrement : je ne me renseigne aucunement ou presque sur les prochaines sorties. La preuve, la bande annonce du film m’avait laissé de marbre, ne laissant rien filtrer sur un film qui était toujours plus énigmatique à mes yeux. Mais comme souvent, ce qui est souvent le plus énigmatique se révèle être le plus surprenant.

Ce qui est le plus remarquable ici c’est probablement le rythme qu’impose Tarantino à son spectateur. Fier de lui montrer à quel point il maîtrise son sujet, il se permet de réaliser un film de 2h45 sans jamais ennuyer qui que ce soit. Depuis Kill Bill, Tarantino a perdu de sa ferveur pour un côté classique tout aussi réjouissant, prenant le temps d’inscrire chaque personnage dans l’intrigue. On pourrait même dire que les différentes sections de celle-ci sont dédiées à un ou des personnages en particulier. Le film démarrant avec l’incroyable prestation de Christoph Waltz pour se tourner ensuite vers Django, qui se retrouvera ensuite face à Di Caprio et Samuel L. Jackson. De cette façon chacun impose son style, sa part de folie et s’intègre à l’univers. C’est d’autant plus jouissif que chacun dispose de répliques ou scènes qu’on retiendra encore après le visionnage du film, le Dr King Schultz étant probablement celui qui en profite le plus.

Le film se veut en plus très agréable à regarder. Les grands panoramas typiques étant présents ainsi que les décors désertiques ou enneigés. Tarantino a pris la sage décision de proposer un montage plutôt ample, permettant d’apprécier chaque zone à sa juste valeur. On pourra bien pester contre deux, trois raccords qui choqueront un peu la rétine mais rien de grave quant à l’allure générale du reste du film. Heureusement pour moi, et c’est bien ce qu’il y a de plus jouissif chez lui, c’est le don qu’à Tarantino quand il s’agit de faire parler la poudre. Les gunfights arrivants généralement par surprise et cassant une ambiance pesante qui planait depuis de longues minutes, ils sont d’autant plus géniaux qu’ils sont gores. Limite grotesque, le sang gicle par hectolitres, le tout ponctué la plupart du temps par des ralentis permettant d’apprécier encore plus la violence des scènes. Quentin s’éclate comme un gosse, et nous aussi par la même occasion.

Django Unchained est un film avant tout comique ou même l’histoire est traitée de façon parodique. Et même si la partie sur l’esclavage reste minoritaire, on sera toujours amusé de voir avec quelle aisance Tarantino l’a insérée au récit, la scène pré-Ku Klux Klan ou le personnage de Stephen en étant les parfaits exemples. Le meilleur restant évidemment Django, qui ne connait rien au départ mais prend toujours plus d’assurance grâce à son maître d’armes. On sent d’ailleurs à quel point Tarantino aime son personnage tant il le porte au pinacle, faisant toujours en sorte d’en faire la figure héroïque ultime. Un héros classe et sans peur, toujours prêt à tout, qui au final dépassera le maître et s’érigera au dessus des autres. C’est d’ailleurs peut-être la plus grande force du film, cette capacité qu’on les personnages et l’intrigue à évoluer en même temps. Chacun apprend, chacun à sa vision de la vie et de ce qui les entoure et certains sont forcément plus enclin à survivre que d’autres. Malgré le côté amusant et foutraque de l’univers, il reste avant tout hostile et féroce pour les faibles.

En conlusion, Django Unchained est un instant classic, un produit génial totalement assumé. Entre l’humour parodique, le rythme impérial et les rebondissements aussi intenses que momentanés, Tarantino s’éclate et impose sa patte. Nous sommes ses putes et nous nous mettrons volontiers à genoux devant ses prochaines créations si elles s’annoncent du même acabit.
Florian_Bodin
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le 24 janv. 2013

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Florian Bodin

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