Hériter du Mal

Thriller rural révélant à la fin sa forme empruntée à la parabole, Dogs interroge subtilement la question du Mal et du Bien parmi une ambiance tendue parfaitement créée au milieu d'un cadre minimaliste où chaque action - ou presque - est à interpréter de manière symbolique.

Un territoire, une frontière, des événements mystérieux se produisant de l'autre côté, un chien allégoriquement nommé «Police», tous les éléments indiquent que nous avons affaire à bien plus qu'un simple thriller mais à un récit, proche du conte ou de la parabole, dont la lecture dépasse le fait divers.

Sur ce territoire dont Roman (Dragos Bucur) est pourtant le propriétaire évoluent d'autres êtres humains. De là naît la tension dramatique du film. Suis-je maître de moi-même - et donc de mon espace et de mon temps? Voilà la problématique à laquelle Roman - qui voudra se défaire de ce bien récemment hérité et décider seul de son futur - sera confronté pendant l'intégralité du film. Dans un monde sans foi ni loi régi par la loi du plus fort, la justice incarnée par la police a du mal à être appliquée et respectée. Roman y sera âprement opposé dans sa quête, lui qui vient en quelque sorte de naître à la réalité et d'en découvrir la rude et cynique matière. Pourra-t-il franchir ces étapes et vaincre ceux qui entravent ses projets? Tel est le ressort principal de l'intrigue de Dogs que vous pourrez découvrir.

Malgré le pessimisme ambiant avec lequel B. Mirica dépeint cette micro-société – sorte d'échantillon – roumaine tragiquement confrontée à ses ennemis intérieurs, une pointe d'espoir émerge toutefois à la fin du film - celle de la possibilité d'un renouveau après avoir fait table rase, en arrachant le mal à la racine pour purifier la terre et, si je puis dire, repartir de bon pied.