Du haut de ses 72 ans, John Goldschmidt aura cumuler les postes de réalisateur, scénariste et producteur. Plus de 50 ans à œuvrer principalement pour la petite lucarne via des séries ou des documentaires. Cet homme, plusieurs fois récompensé pour son travail, revient sur grand écran après 28 ans depuis son dernier long ( Maschenka, 1987).
S'attaquant à un sujet d'actualité, le risque est toujours de tomber dans les clichés les plus éculés et, de ce fait, faire rire un public au détriment d'une communauté. La question est donc de savoir si nous avons affaire à une œuvre futile au racisme latent ou si la touche british et l'expérience du réalisateur permet d'offrir un objet filmique rafraichissant.
Mettant en parallèle le quotidien de nos deux protagonistes, l'auteur prend le temps de nous présenter les préoccupations de ces deux hommes en totale opposition. On prend le temps de comprendre leur situation, les choix qui les ont menés à ces problèmes.
Une fois l'univers dépeint, l'auteur amorce la rencontre entrainant ainsi une série de péripéties aussi drôle que dramatique.
Doté d'une trame narrative solide, on navigue constamment entre la triste réalité ( artisan VS grande distrib', les situations dans les quartiers défavorisés, ...) et des instants de légèretés permettant d'oublier l'environnement dans lequel évolue nos protagonistes.
Cette alchimie, parfaitement maîtrisée par l'auteur, permet de dynamiser l'œuvre. On suit ainsi avec plaisir les actions de notre duo. De ce fait, même si certaines facilités sont prises sur l'enchaînement ou le dénouement des événements, l'empathie crée par l'auteur envers ses personnages fait oublier ces grosses ficelles narratives.
En effet, grâce à une première partie décrivant le quotidien des personnages, on s'attache rapidement à eux. Les acteurs en sont pour beaucoup, leur prestation est remarquable ce qui rend la relation liant ce jeune musulman à ce vieux juif d'autant plus crédible.
Le récit bien que conventionnel est suffisamment cadencé pour ne pas s'ennuyer. Goldschmidt enchaine les péripéties sans que la succession des scènes entraine des cassures dans le rythme. Ainsi, ce tempo ,imposé par le réalisateur, allié à l'alternance entre comédie et drame transforme cette heure et demie en moment agréable.
Au final, l'auteur remplit son contrat en nous offrant une œuvre divertissante tout en véhiculant un message de solidarité. Un discours indispensable dans cette époque en pleine dérive sociétale.
Il est toujours bon de rappeler que le mal n'est pas propre à une couleur de peau, une croyance religieuse ou une appartenance ethnique et que la fainéantise intellectuelle des uns et l'avarice des autres en sont les moteurs.