Cet avant-dernier épisode de Dracula de la Hammer et dernier avec Christopher Lee est mal aimé et mal côté. Aussi bien par la critique, par le public que par ses propres acteurs. Christopher Lee, qui n’en pouvait plus d’incarner le fameux comte, avait accepté une ultime pige pour filer un coup de main à la Hammer qui avait fait de lui une vedette, raison pour laquelle il apparaît assez peu dans cette aventure. Ce qui se révèle, au final, plutôt une bonne chose. Autour de son personnage plus en retrait, un groupe d’adorateurs de Satan sont aussi des hommes importants d'Angleterre dont la présence permet aux auteurs de mettre un coup de canif aussi bien au monde politique que celui de la finance. Basique mais efficace, la formule reprend celle plutôt réussie d’Une Messe pour Dracula, tournée trois ans plus tôt mais dans un contexte modernisée.


Le résultat vaut franchement mieux que ce qu’on peut en dire. D’abord, bien entendu, parce que le duo Peter Cushing – Christopher Lee est réuni en haut de l’affiche (avec aussi Joanna Lumley qui n’était pas encore Purdey), mais ensuite parce que la Hammer, loin de ses habituelles productions gothiques, réussit à créer un vrai mystère, notamment durant pendant la première heure. Réalisé avec une évidente économie de moyens, le film tient son rang grâce à une réalisation astucieuse, exploitant une scène rituelle initiale lue et relue en de multiples endroits du récit pour en fournir différentes explications. Dommage que la dernière ligne droite du film ait tendance à perdre de son mystère pour se contenter d’offrir aux spectateurs des scènes qui se veulent plus impressionnantes, lesquelles illustrent combien la firme britannique était prise de vitesse par la concurrence à cette époque.


Le savoir-faire reste cependant intact. Loin des couleurs chatoyantes de ses grands succès, la firme mise sur un Dracula contemporain dans des tons grisâtres qui critiquent la société de l’époque. Après les hippies de l’opus précédent, c’est le monde des affaires et de la politique qui est ici dénoncée. Montrant qu’elle est capable d’évoluer, la Hammer voulait évidemment sauver sa peau. Ce film fait malheureusement partie des dernières sorties de la firme qui produira encore trois longs métrages avant de tirer sa révérence. Avec le recul, cette saga de Dracula tenait, bien qu’usée jusqu’à la corde, tenait encore la route.

Play-It-Again-Seb
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le 19 janv. 2024

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PIAS

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