Dragon Ball Super: Super Hero
5.5
Dragon Ball Super: Super Hero

Long-métrage d'animation de Tetsuro Kodama (2022)

Les années ont beau avoir passé et le format d'écran s'être agrandi, la simple idée de partir à l'aventure en compagnie de Sangoku et ses amis ne peut que redonner aux spectateurs (d'un certain âge) leurs grands yeux d'enfants impatients à chaque fois que le générique de Dragon Ball Z se mettait à retentir durant le Club Dorothée.

Comme pour parfaire ce coussin douillet de nostalgie dans lequel on se vautre volontiers une fois installé dans la salle de cinéma, "Dragon Ball Super: Super Hero" a la bonne idée de s'ouvrir sur une merveille de prologue en animation 2D, retraçant en quelques minutes tout le parcours de la bande à Sangoku face à l'Armée du Ruban Rouge, les humains artificiels du Docteur Gero et, sa plus dangereuse création, Cell. Un sourire jusqu'aux oreilles, les yeux qui pétillent à l'idée de retrouver nos héros face à un nouvel ennemi... et, patatras, apparaît le logo 3D absolument immonde du film nous ramenant à la cruelle réalité de ce qu'est "Dragon Ball Super".

Depuis sa création, cette excroissance de la saga se calant (avec de plus en plus de mal) entre les derniers chapitres de "Dragon Ball Z" nous rappelle qu'Akira Toriyama et ses ayants-droits ne voient plus en "Dragon Ball" qu'une vache à lait faite de fan service et de power-ups infinis, chargée avant tout de vendre des figurines et autres produits dérivés. Pour une intrigue Black Goku réussie, la récompense de la conclusion du Tournoi de Pouvoir en animé, un film "Broly" repoussant certaines limites visuelles sur l'animation de ses combats ou des débuts d'autres arcs spécifiques au manga (Moro, Granola) qui n'ont hélas pas tenu leurs promesses sur la durée, "DB Super" malmène bien trop souvent le coeur des plus ou moins jeunes fans du monde entier par ses propositions limitées, faciles et même parfois carrément amnésiques de ce qui a fait de "Dragon Ball" le shônen le plus connu au monde (à commencer par Sangoku qui n'y est plus que l'ombre de lui-même).

Mais, malgré cela, l'amour que l'on a pour "Dragon Ball" demeure intact et, même si aujourd'hui "Super Hero" commet l'offense ultime en s'essayant pleinement à l'animation 3D/CGI, on est encore là pour le découvrir.

On est bien sûr heureux d'assister un film qui délaisse enfin le duo Sangoku & Vegeta (néanmoins présents, avec Broly, sur la planète de Beerus via un point de vue aussi secondaire qu'inutile, à part un gag très amusant au sujet du Dieu de la Destruction) pour enfin remettre sur le devant de la scène les trop effacés Piccolo, San Gohan ou Pan sur Terre. Évidemment, même si le puissant Namek est le guerrier préféré de Toriyama, ne soyons pas dupes, le retour de tout ce petit monde au premier plan n'est là que pour aller dans le sens des suppliques des fans, frustrés de voir ces personnages réduits aux rôles de figurants au sein des nouvelles aventures de "DB Super". Dans cette même logique de donner au public ce qu'il veut sans trop se fatiguer, le camp ennemi que l'on nous propose, après Freezer ou Broly, n'est encore qu'un écho au passé glorieux de la franchise, mettant simplement en action une nouvelle génération issue de figures bien connues de l'Armée du Ruban Rouge.

Cependant, si tout est fait ostensiblement pour caresser le fan dans le sens du poil, force est de constater que "Super Hero" s'en tire plutôt bien pour faire d'un récit très simple (les films DB n'ont de toute façon jamais brillé en termes de scénario) un bon moyen de mettre en avant ces protagonistes avec dynamisme et humour.

Pour notre plus grand plaisir, Sangohan sera donc amené à revêtir sa tenue de combat en s'énervant comme au bon vieux temps mais, étonnamment, on retiendra peut-être plus de "Super Hero" Piccolo et la supra-mimi Pan, à la fois pour le statut de héros principal que se voit accorder le premier et la tendresse qui émane de sa relation avec la deuxième, véritable cœur du film dans le prolongement des liens indéfectibles qui unissent Piccolo et Gohan à nouveau ici mis en lumière.

Face à eux, les antagonistes auront le mérite d'imposer quelques visages intéressants, se révélant même un minimum attachants (Hedo et les deux Gamma) dans leur quête de ce qui définit vraiment un super-héros au milieu des viles manipulations de l'Armée du Ruban Rouge (on pourra même y déceler une petite pique envoyée à l'adresse du phénomène des fake news). Et, enfin, l'humour "dragonballesque" sera au rendez-vous dans un long-métrage privilégiant cette fois franchement une part plus "rationnelle" du quotidien des héros ou les situations absurdes induites par les agissements de la fameuse armée, on pourra également compter sur quelques incontournables figures de la team Z pour faire perdurer une veine comique lorsque le combat prendra le pas sur le reste.

Et l'animation 3D dans tout ça alors ? Objet de détestation dès la découverte des premières images du film sur les réseaux sociaux, il faut bien reconnaître qu'elle ne s'en sort finalement pas si mal. Elle demande certes un petit temps d'adaptation pour tout amoureux de la 2D (indétrônable), apparaît inégale au niveau de ses finitions à certains moments et n'a pas le même impact d'inédit que celui ressenti dans le précédent film "Broly" mais, outre quelques belles séquences plus posées, lorsqu'il s'agit de mettre en valeur les combats (surtout dans la deuxième partie), elle est bel et bien au rendez-vous pour en assurer la fluidité et en capter la démesure des coups portés au sein d'un spectacle qui ravira les amateurs de bastons propres à l'essence des films "Dragon Ball Z" et désormais "Super"...

Mais alors pourquoi diable ne pas mettre à "Super Hero" une note plus élevée que la moyenne au vu d'un contrat à peu près rempli ? Eh bien, parce que, si on était prêt à accepter une bonne part de fan service, on ne voulait pas non plus en subir jusqu'à l'écoeurement à cause d'un film qui ne parvient pas à proposer autre chose pour faire évoluer ses personnages.

La joie de retrouver Piccolo, Gohan & co laisse ainsi la place à la déception de la découverte de nouveaux power-ups qui n'ont absolument plus rien à voir avec ce que l'on aime dans cette franchise. Entre des dragon balls qui se mettent opportunément à rendre des persos plus forts (dans la continuité du pire de l'arc Granola du manga) et une transformation sortie de nulle part (juste présente pour raviver le souvenir d'un passage mythique de "DBZ") "Super Hero" tombe dans les pires travers de ce qu'a pu nous offrir "DB Super" sur ce plan, avec de nouvelles couleurs et chara-designs tout bonnement horribles (comme les films "DB Super" sont aujourd'hui canons, on reverra forcément ces looks affreux qui plus est).

Et puis, comme un ultime aveu du manque d'imagination de l'ensemble, il y a l'apparition du grand méchant lors du dernier acte, provenant encore de l'imagerie du passé et transformé ici en simple kaijū beuglant (très oubliable en sus), un peu comme la caricature parfaite de ce que fait subir la marque "DB Super" à certains fondamentaux de Dragon Ball qu'elle semble incapable de comprendre.

"Super Hero" est donc définitivement l'incarnation du meilleur et du pire de ce que l'on pourrait appeler maintenant "Dragon Ball Pépère": une réutilisation d'un passé aussi doré que les cheveux d'un Super Saiyan, qui réussit à faire très bien illusion lorsqu'elle en reste à une dose de fan service raisonnable, amusante et un brin nostalgique, mais qui, dans le même temps, peut aussi sombrer dans la facilité la plus consternante en y faisant appel jusqu'à l'overdose.

Il y a pourtant des univers (au sens littéral) et des possibilités à explorer bien plus passionnants pour donner un nouveau souffle original aux combats de Sangoku, Vegeta & co. Et il n'y a même pas besoin de faire appel à Shenron pour cela, tout est déjà là, "Dragon Ball" le mérite tant.

RedArrow
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le 4 oct. 2022

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