"Toutes ces choses qu'on croit connaître sur vous... c'est faux"

Comme toujours maintenant, le lien vers mon blog, qui est beaucoup plus joli et qui possède des images :

https://miellez.wordpress.com/2022/11/06/dragon-faire-face-aux-cliches/

Quand j'étais plus jeune, le monde grouillait de dr... Non non. Quand j'étais plus jeune, j'étais complètement absorbé par les films d'animations. C'était ma vie, toutes ces aventures présentées avec des styles tous plus différents les uns que les autres. Sauf que, comme aujourd'hui, je m'intéressais peu aux sorties de nouveaux films, préférant regarder encore et encore mes bons vieux films.
Quand ma mère me fit découvrir la bande annonce de Dragon, ni une ni deux je savais que ce film allait être génial. Je commençais une attente fiévreuse, nourrie par ces affiches et bandes annonces visibles un peu partout et ces articles présents jusque dans le Journal de Mickey.
A cette époque là, j'avais 10 ans et dans ma vie, je n'avais eu que deux films préférés qui s'étaient succédé. Logique me direz-vous. Dans tous les cas, l'arrivée de ce film approchait à grands pas et j'en étais toute fébrile.
Encore aujourd'hui, le nombre d’œuvres que j'ai attendu et qui ne m'ont pas déçus sur le coup se comptent sur les doigts de la main et Dragon est un des seuls films à en faire parti.
Aujourd'hui, cela fait dix ans jour pour jour que le film est sorti et je tenais à écrire un petit quelque chose à son propos. En avant donc !

D'abord et avant tout commençons par l'incontournable visuel. C'est assez marrant mais si ce point est un des meilleurs points des suites, dans le premier film on sent un peu qu'ils étaient en galère pour certaines choses (notamment les cheveux). En revanche, les équipes du film ont passé des mois à étudier des explosions et des flammes et là, on ressent tout le boulot derrière : les explosions vues dans le film sont à couper le souffle. De même pour le feu que crachent les bébêtes, encore aujourd'hui je trouve ce point là impressionnant.
Enfin, il est à noter que même si le visuel paraît un peu passé, il n'a pas terriblement vieilli pour autant et certains films sortis bien après font bien plus vieillis que ça. Là le film reste aujourd'hui très agréable à regarder.
De même et c'est appréciable, le design des dragon est plutôt sympa. Bon à dire vrai j'ai toujours eu un peu de mal avec ça parce que j'ai une idée bien précise en tête de ce qu'est un dragon et ça ne ressemble pas vraiment aux créatures vues dans le film, mais les équipes ont tout de même réussi à créer des animaux très différents et distincts les uns des autres, avec des caractéristiques propres à chacun. La furie nocturne a tous les comportements d'un prédateurs type félin, le gronk ressemble à un gros bourdon, le dragon vipère ressemble plus à... un poulet, etc etc. Et même leurs sound design : le bruit que fait Krokmou avant de tirer est terriblement efficace, ce petit bruit de sifflement de l'air...

D'ailleurs je vais aborder un autre point qui est les personnages. Bon je ne vais pas faire toute une liste parce qu'à dire vrai je n'ai pas grand chose à raconter sur chacun d'eux mais j'aurais tout de même quelques petites remarques sur certains.
Notamment sur Harold. Si j'aurais beaucoup de mal avec ce dernier dans la suite, autant dire que là, pas du tout. J'aime énormément son personnage et je regrette pas mal ce qu'on a perdu de lui après. Ici, il est totalement appréciable par le fait qu'il ne se sente pas à sa place dans son village, qu'il soit sans arrêt rejeté par les autres et même par son père. Moi j'avais très envie de baffer tout le monde et de leur dire juste d'apprécier ce qu'ils avaient devant eux.
Harold se démarque déjà par son apparence peu « vikingesque » comparé aux normes du film (pas gros baraque ni d'attribut dans ses habits tels des piques et autres) et à dire vrai c'est du coup encore plus simple pour s'identifier à lui.
D'ailleurs un truc que j'aimerais noter c'est l'inversion fille/garçon qu'on peut voir avec Astrid et Harold. Je m'explique ! Sans partir dans les débats machins sexisme et tout le tralala, on a d'un côté un viking maigrichon qui se sert de sa tête et utilise la science pour palier au fait qu'il n'est pas musclé et ne veut pas tuer de dragon, et de l'autre, un viking qui ne pense qu'à tuer les bestioles parce que c'est ce qu'on lui dit de faire est super doué avec une hache, et n'hésite pas à frapper l'autre viking qui ne peut pas se défendre.
En omettant leurs noms et ce que vous savez d'eux, en toute logique, le premier viking aurait pu être la fille et le second le garçon. Or, ici on a bien une inversion de ces rôles là et je pense que le film gagne une certaine profondeur à ce qu'Harold soit le premier, puisque (malheureusement), on apprend aux filles à être douces et utiliser leurs têtes pour palier aux muscles, là où ici le film prône le discours inverse et montre qu'être un garçon et être doux, ce n'est pas une si mauvaise chose. Moi c'est un discours que j'aime.

On va très vite passer au film et son scénario parce que ça sera le meilleur moyen pour moi d'expliquer ce qui est si bien dedans. Parce que oui, je pense que ce film au niveau scénario est le meilleur tous films d'animations confondus voire même tous films confondus. Le fait que l'histoire soit vue et revue ne change rien, la façon dont cette histoire est racontée est suffisante à elle-même.
D'ailleurs avant de partir là dedans je voulais faire une rapide explication : tout film est censé contenir trois actes. Le premier mettant en place les personnages, l'univers, mais aussi l'élément déclencheur qui lancera le film et est censé retenir le spectateur de le quitter. Le deuxième acte, le plus souvent le plus long, contiendra la plupart des péripéties dues à l'élément déclencheur, et se termine le plus souvent par un moment où les personnages ont l'impression d’avoir tout perdu et que la situation est vaine. Enfin, le troisième acte se soldera par un final le plus souvent grandiose, où toutes les situations et personnages entreront en collision, et qui permettra de conclure toutes les péripéties et le cheminement des personnages.
Ici, les trois actes sont si biens délimités que ça rend le tout vraiment, réellement agréable à regarder. J'y reviendrais plus tard.

Pourquoi ça ?
Tout simplement parce que dans cette seule intro le film introduit tout. D'abord, elle tient le spectateur en haleine en nous faisant découvrir un endroit calme attaqué.
De cette manière là, elle nous introduit le monde dans lequel le film va se dérouler : une île remplie de vikings attaqués par des dragon.
Elle introduit ensuite tous les personnages du film : Harold et tout ce qu'il y a à savoir sur son personnage (il est rejeté par les autres et notamment son père, malin, construit des machines, et très maladroit), Stoïk qui est le chef impitoyable du village et qui a quelques soucis avec son fils, Gueulfort qui sera un peu un sidekick mais aussi une espèce de mentor pour Harold, Astrid et son côté badass, tous les autres personnages adolescents qui resteront sommes toutes des sidekicks, et enfin évidemment les dragon dont Krokmou, où on nous introduit direct qu'il est une furie nocturne, l’espèce la plus dangereuse connue, que personne n'a jamais réussi à tuer voire même à regarder.
Enfin, on nous introduit l'élément déclencheur avec Harold capturant Krokmou.
Cependant, le premier acte ne se termine pas ici, fort heureusement. Harold, comme à son habitude apparemment, déclenche une petite succession de bêtises dans le village qui fait que de nombreux dragon s'échappent avec des moutons. Après cette scène d'introduction, Gueulfort le ramène chez lui et là s'instaure un des meilleurs dialogues du film. En effet, Harold commence à dire que Stoïk ne l'aime pas parce qu'il n'est pas vraiment ce qu'on appelle un viking, que physiquement il est différent. Gueulfort dit alors
«-Je crois que t'y es pas du tout. S'il y avait que l'aspect encore ça irait, c'est ce qu'il y a à l'intérieur qui le dérange.
-Merci, cool de le confirmer, sympa.
-Tout ça pour te dire : essaie pas à tout pris de devenir autre chose que ce que tu es.
-Je veux simplement être un des vôtres »
Ce qui fait écho à une scène précédente où Gueulfort lui disait « Arrête d'être toi tout entier ! ».
Même si les deux phrases pourraient vouloir dire leur contraire, elles sont en fait extrêmement intelligentes. La première phrase, Gueulfort la disait pour expliquer à Harold en quoi il ne pouvait pas aller se frotter aux dragon : il lui expliquait à sa manière et le grondait presque pour ne pas que ce dernier se fasse tuer. La deuxième s'en rapproche en lui disant plus gentiment qu'il doit arrêter de se faire du mal en tentant désespérément de faire plaisir à son père et au reste du village, là où Gueulfort a sans doute déjà compris qu'Harold est tout sauf un tueur. Ce dernier lui répond juste qu'il veut faire parti du village, de ce groupe de tueur, non pas parce qu'il aime ça mais parce qu'il ne veut plus être mis à l'écart et c'est terriblement triste. Oui oui. Harold est un personnage qui ne se sent pas à sa place dans un monde qui prévalue des choses qu'il est incapable d'accomplir ou même de tout simplement être. Pendant les 10 dernières années je dois dire que je me suis plus souvent que je ne l'aurais cru possible à la place d'Harold.
Ensuite, on passe encore à une scène d'explication où l'on voit que Stoïk est bien décidé à abattre des dragon. Ceux du village se préparent à partir en guerre contre eux, puis ce dernier et Gueulfort parlent d'Harold. Son père ne comprend pas pourquoi son enfant est si différent et son mentor, ayant entendu sa détresse, lui dit qu'il le prendrait bien pour l’entraînement contre les dragon. Ici on nous introduit ce que j’appellerais l'intrigue n°2 du film.
L'intrigue n°1, quant à elle, on la découvre ici. Harold est à la recherche de la furie qu'il a abattu. Quand il pense l'avoir perdue, il la voit étendue sur le sol, incapable de bouger (d'ailleurs si vous avez envie de remarquer tous les petits détails, il y a du sang sur les cordes). Et là se lance une de mes scènes préférées tous films confondus : celle où Harold s'apprête à tuer le dragon mais ne le fait pas.
On sent que Harold prend son courage à deux mains, le couteau aussi, et tandis qu'il dit « Je vais te tuer dragon. Après, je prendrais ton cœur et je le donnerai à mon père. Je suis un viking. Je suis un viking ! ». Dans ces phrases, Harold ne tente pas de prendre son courage parce qu'il a peur du dragon mais il a peur de ce que lui pourrait faire, ou ne pas faire. La musique à l'arrière s'accélère, Harold lève le couteau en fermant les yeux, puis les entrouvre et ce geste change littéralement tout, puisque ça va non seulement lui ouvrir les yeux sur les dragon mais aussi les yeux de tous ceux du village. Il voit la furie écarquiller les yeux, elle aussi, effrayée, probablement aussi effrayée qu'Harold. Ce dernier se laisse plonger dans ce regard, tente de se reprendre, et quand la furie perd tout espoir et laisse tomber sa tête sur le sol, Harold perd cet espoir d'être un des siens, laisse tomber le couteau et se rend compte que, comme Gueulfort l'a dit indirectement, il n'est pas un tueur. Il recule en murmurant « J'ai fais ça... », en voyant le corps de la furie blessée au sol.
Ni une, ni deux, il détache l'animal qui ne perd pas un instant et lui saute dessus. Le même thème revient et la situation se retourne : Harold est maintenant à la merci de l'animal, qui le fixe droit dans les yeux. C'est lui qui a le regard effrayé maintenant, effrayé de mourir, tandis que le dragon a des yeux effrayants. Puis ce dernier lui lance un bon grand cri et part. Harold est soulagé et s'évanouit parce qu'il l'a échappé de justesse.
Alors, oui, cette scène est absolument magnifique. Beaucoup en ressortant du film parlent de la scène où Harold tente d'établir un lien avec Krokmou et je les comprends, seulement pour moi celle-ci est le véritable épicentre du film. Le moment où Harold réalise qui il est et décide d'épargner une vie, et le moment où Krokmou réalise que les humains ne sont peut être pas tous des tueurs et décide lui aussi d'épargner une vie. Tous deux se sont sauvés mutuellement à ce moment là et c'est ce qui cimente leur relation. Ca et je dois dire que la musique qui se déroule est si belle, elle m'a hantée des années durant.
C'est sur cette scène que se termine l'acte 1 du film. L'acte 2 peut donc commencer !

Ce dernier commence sur une petite scène où Harold rentre chez lui et son père engage une discussion. Par cette simple scène, on peut voir ce que la dynamique Harold et Stoïk a l'air d'être : Stoïk ne laisse jamais son fils en placer une et ce dernier finit par abandonner. Ici, il accepte de participer à l’entraînement dragon alors qu'il avait enfin découvert que ce n'était pas pour lui.
L'intrigue n°2 démarre donc par cet entraînement : Harold se joint aux autres, galère très légèrement et finit par manquer se faire tuer par un Gronk. Gueulfort lui dit alors qu'un dragon essaiera dans tous les cas de tuer des humains.
Harold se rend alors là où il avait libérée la furie en se demandant « Pourquoi pas toi ? » (« Why didn't you ? » en anglais). En effet, pourquoi ce dernier n'a pas saisi sa chance ?
La furie apparaît alors et il se trouve qu'elle ne s'envole pas. Saisissant sa chance pour la dessiner, notre héros se rend compte qu'il manque un aileron de queue à l'animal. Les deux se lancent alors un regard, sans signe de méfiance ou d'attaque, seulement de curiosité.
On retrouve Harold et les autres élèves au cours d'un repas. Lorsque Gueulfort demande quelle a été l'erreur d'Harold dans l'arène, Astrid répond que ce dernier n'est jamais là où il devrait être. Un autre sous-entendu pour montrer qu'il ne peut pas être ce qu'il voudrait être, puisque même en essayant, il ne parvient pas à bien faire.
La scène continue sur Harold lisant le manuel du dragon, ce qui permet de nous faire découvrir tout le bestiaire. A noter un tout petit détail : quand Harold ouvre le livre, la flamme de la bougie bouge comme si elle avait reçu un coup de vent, c'est dire l'importance donnée aux détails.
Harold consulte donc le livre et on comprend que les vikings se battent contre des animaux « extrêmement dangereux » et « à tuer sur le champ » : chaque page finit par ces conseils. D'ailleurs j'ai mis neuf ans à remarquer que les dessins du livre bougeaient pour donner une ambiance encore plus inquiétante.
Le livre se termine par la furie nocturne, qui serait « l'enfant de la mort et de la foudre » : chose ironique pour un dragon qui ne tue jamais de proies. Notre héros décide de mettre son dessin dans le livre où il n'y avait jusqu'alors rien sur la furie, hormis qu'elle était dangereuse.
On passe une dernière fois aux vikings sur les bateaux qui cherchent le nid des dragon, et on les laisse sur un moment terrifiant (qui me fait toujours sursauter) où après un moment de silence, un dragon apparaît en hurlant.
Retour sur l'intrigue n°2 avec Harold qui, une fois encore, fout tout en l'air lors en l'entraînement, ce qui amènera Astrid à lui demander de choisir son camp.
En écho à ça, intrigue n°1, Harold retourne chercher la furie. Il lui amène un poisson, tente de passer du temps avec elle, l'observe, avant de finalement créer un vrai lien avec elle lors d'une scène absolument magnifique où il tente d'éviter de marcher sur le dessin que l'animal a réalisé sur la terre. Il parvient alors à la toucher, en tendant le bras, sans la regarder, ce qui est un beau contraste avec le fait qu'il essayait de la tuer les yeux fermés, et qu'il n'a pas réussi en ouvrant les yeux. Ici, les deux se touchent sans se regarder.
Autre chose : la scène est entièrement muette et laisse la musique douce monter de plus en plus, et il y a peu de films qui oseraient faire toute une scène de cinq minutes comme ça, d'une extrême importance, sans aucuns dialogues (là hormis Spirit et Wall-E, rien ne me vient en tête). Aussi, on peut encore voir des micros détails puisque lorsque Harold tend le bras pour toucher le dragon, celui-ci a un tout petit moment d'hésitation, presque imperceptible à l’œil.
Retour à la classe : autour d'un dîner, Gueulfort apprend a ses élèves que les points faibles d'un dragon sont les ailes et la queue car sans elles, ils ne peuvent pas voler et sont donc quasiment mort. Intrigue n°2 faisant écho à l'intrigue n°1, Harold se précipite dans son atelier pour créer une prothèse à celui qu'il baptisera Krokmou. La scène est superbe, notamment grâce à la musique.
Lors de la scène où il tente de lui mettre sa prothèse, Harold apprendra deux choses : déjà que les dragon détestent et ont peur des anguilles, ce qu'il utilisera dans la scène suivante pendant l’entraînement (n°1 faisant écho à n°2), ce qui l'amènera à choquer tout le monde, et ensuite, que la prothèse ne fonctionnera pas s'il n'est pas là pour l'activer. Krokmou le comprend aussi et Harold commence à travailler sur une selle et un dispositif afin de pouvoir voler.
Commence alors dans le film un montage parallèle rapide de nos deux intrigues, l'une faisant toujours écho à l'autre. Mais là où au départ, la n°2 donnait des éléments à Harold pour la n°1, c'est l'inverse qui se produit pendant ce montage : en venant à côtoyer son dragon de plus en plus, Harold apprend certains tours qui lui permettent de mettre hors d'état de nuire les dragon lors de l'entraînement, sans même les blesser. Cela amènera le village a avoir de plus en plus d'intérêt envers le fils du chef, le considérant presque comme une célébrité.
Le montage se termine lorsque Stoïk et les vikings rentrent chez eux, vaincus par les dragon. Ceux du village apprennent une bonne nouvelle à Stoïk : son fils est la star du village !
Ce dernier est pendant ce temps là sur le dos de Krokmou, à tester leur premier vol à l'air libre. Je me répète mais là encore la scène est magnifique : sublimée par la musique et le visuel. Je ne me souviens pas avoir connu dans un autre film un tel sentiment de liberté, de vol. Là on sent presque l'air sur notre figure, lorsque Krokmou entame la descente, il y a une vraie sensation vertigineuse, comme dans les montagnes russes
Évidemment les problèmes s'accumulent, Harold perd son anti-sèche et les voilà en danger au milieu de rochers, mais Harold montre alors un tout nouveau côté à son personnage : si il est maladroit avec les autres, ici, en vol, son instinct prend totalement le dessus et il n'a même plus besoin d'anti-sèche, spontanément il sait dans quelle position l'aileron de Krokmou doit être pour lui permettre de voler.
Petite chose ici : un truc qui m'avait bien gonflé dans la suite c'est que Harold volait sur Krokmou avec un volant et je trouvais ça totalement contradictoire. Ici, je peux me tromper mais il ne m'a jamais semblé que notre héros avait un volant, au mieux qu'il guidait parfois les mouvements de Krokmou mais que, contrairement dans le 2 où il ressemblait plus à un gars sur sa moto, ici il y avait une réelle cohésion entre les deux personnages, puisque Krokmou décidait où aller et Harold l'y aidait, le guidant parfois. C'est vraiment cette force dans ce lien qui m'avait plu et qui avait totalement été ruinée dans la suite.
Enfin, après ce test de vol réussi, les deux s'arrêtent pour grignoter (dans un décors magnifique, et même réelle puisque ces blocs de pierres peuvent réellement se produire dans certains cas avec les volcans), et Harold rencontre ses premiers dragon en liberté après Krokmou en la personne de petits Terreurs Terribles. Il offre à l'un d'eux un poisson et quand il vient se blottir contre lui, repus et heureux, Harold lance une phrase qui m'avait longtemps hantée après avoir vu la bande annonce « Toutes ces choses qu'on croit connaître sur vous, c'est faux ». Ce film est littéralement contre les préjugés et il le clame haut et fort : les préjugés envers les gens différents tout comme envers les races d'animaux différentes, voire même plus. C'est vraiment tellement profond comme message.
On retrouve notre héros dans son atelier, quand son père, tout fier, vient le voir. Là, pour la première fois sans doute, il donne la parole à son fils, pensant que ce dernier a quelque chose à lui dire et enfin enclin à l'écouter, puisque non, son fils n'est pas une crevette stupide mais un vrai viking ! Sauf que comme Stoïk n'a, encore une fois, pas tout compris, Harold n'a rien à dire et la scène est terriblement gênante.
Grâce à ce qu'il a apprit avec Krokmou, Harold gagne le dernier test à l'entraînement et peut avoir l'immense honneur de tuer un des plus dangereux dragon connus, le Cauchemar monstrueux, devant le village. Peu enthousiaste à l'idée, notre héros va d'abord tenter de s'en aller avec Krokmou, mais surviennent deux choses. La première, Astrid le découvre et découvre son petit manège avec Krokmou, donc Harold et ce dernier vont l'emmener faire un petit tour. Là je ne vais pas redire ce que j'ai déjà dit, mais la sensation de voler est indescriptible, notamment grâce au visuel des nuages et même de la façon de voler de Krokmou qui est si réelle. Et aussi grâce à la caméra, qui se perd un peu, on ne sait plus où est le haut ni où est le bas : on est dans le ciel, c'est tout.
Ensuite, ils découvrent que si les dragon tuent autant de proies, ce n'est pas pour eux mais pour nourrir un dragon encore plus gros : la Mort Rouge (ou alors la Mort Verte, elle a les deux noms et je sais jamais lequel utilisé donc je vais dire la rouge).
Ayant compris qu'il pouvait non seulement changer l'esprit des gens avec Astrid mais aussi protéger les dragon de se faire tuer par les vikings, Harold va se rendre à son test ultime et vouloir montrer à tous qu'un dragon, ce n'est pas si méchant. C'est là que les intrigues n°1 et n°2 entrent en collision puisque les villageois ne l'écoutent pas, Krokmou va venir à son secours et tout va mal se passer. (D'ailleurs quand j'étais jeune, j'avais une manie de passer les scènes que je n'aimais pas dans certains films et celle-là était en tête de ma liste. J'ai passé 9 ans avant de pouvoir la revoir. Véridique).
La scène où Stoïk se met en colère contre son fils est terriblement poignante, puisque là où Harold avait l'habitude de se taire, ici il va répondre. Quand son père lui dit que les dragon « ont tué des centaines des nôtres ! », Harold répond en criant « Et on a tué des milliers des leurs ! ». Rien à faire, la seule chose que Stoïk comprend au bout d'un moment c'est que Krokmou peut l'emmener vers le nid des dragon. Harold va alors ,dans un geste désespéré, courir vers son père en lui criant « Une seule fois dans ta vie, tu veux bien écouter ce que j'ai à te dire ! » parce que oui, c'est la vérité, Stoïk ne l'a jamais écouté.
Ce dernier, fidèle à son prénom, ne laisse rien paraître et dit à Harold que s'il se met du côté de ces animaux, il n'est pas un des leurs, et encore moins son fils.
Harold, sur le sol, est terrifié puisque ce qu'il redoutait depuis des années lui est jeté à la figure.
Stoïk, lui, sort, et semble pendant quelques secondes comprendre le poids de ce qu'il vient de dire à son fils, mais se reprend et part.
C'est ainsi que se termine l'acte 2 du film, puisque Harold a alors perdu, comme nous le dit si bien Astrid, son père, son peuple, et son meilleur ami (merci de nous spoil la suite d'ailleurs Astrid), bref, tout.

L'acte 3 se met donc en marche quand Krokmou est emmené, avec tous ceux du village, vers le nid des dragon. Le regard que lance Harold du haut de sa plateforme est horrible et vraiment triste.
Astrid ne tente pas de remonter le moral d'Harold, préférant dire à voix haute ce qu'il y a de vrai, comme Gueulfort au début du film, et Harold lui répond la même chose « Merci, cool de le confirmer, sympa ». Il se demande ensuite pourquoi il n'a pas tué ce dragon et Astrid lui demande, en effet, pourquoi ? Il répond seulement qu'il ne pouvait pas, et Astrid insiste. Il s'énerve et lui demande pourquoi est-ce si important. Astrid dit alors qu'elle veut se souvenir de ce qu'il aura dit à cet instant. Tout au long du film, Astrid est montrée comme la seule qui comprend vraiment le monde qui l'entoure : elle n'est pas dans l'humour stupide comme les autres adolescents, sait pourquoi elle se bat contre les dragon, est la seule à voir qu'Harold agit bizarrement puis la première à changer d'avis sur les dragon quand Harold lui montre la vérité. Elle sait, à cet instant précis, qu'Harold est en train d'écrire une toute nouvelle page dans l'histoire de leur peuple et elle veut être là, elle veut qu'Harold verbalise son acte afin de savoir ce qui a été à l'origine de ce changement. D'ailleurs en anglais, elle dit « Why didn't you ? » la même chose que dit Harold à propos de Krokmou qui ne l'a pas tué. La boucle se boucle, et Harold dit qu'il a eu la trouille, une faiblesse, qu'il n'a pas « voulu » tuer le dragon.
Astrid lui fait remarquer que cette fois ci, il a utiliser le verbe vouloir au lieu de pouvoir, lui prouvant ainsi que ce n'est pas une faiblesse qu'il a eu mais une vraie envie, de par sa différence. Elle lui fait aussi remarquer qu'il est le premier à voler sur un dragon, lui montrant ainsi qu'il est tout sauf un trouillard ou un couard.
Harold lui dit alors qu'il ne l'a pas tué parce que Krokmou avait l'air aussi effrayé que lui. « Je l'ai regardé, et là c'est moi que j'ai cru voir. »
En effet, Krokmou à ce moment là était terrifié à l'idée de ce qu'allait faire Harold et, je l'ai dis plus haut, Harold était tout aussi terrifié mais il voulait essayer de cacher sa terreur, c'est en ouvrant les yeux qu'il s'est vu en Krokmou et a comprit à quel point il était effrayé.
Marrant mais, quand j'étais plus jeune, j'avais une autre interprétation de cette phrase. Au tout début du film, on nous dit que la furie nocturne est un dragon qui ne vole jamais de proies, même si elle attaque le village. Du coup je voyais en Krokmou un personnage mit de côté par les autres dragon, tout comme Harold (chose renforcée par le fait qu'on nous dise, dans les suites, qu'il est le dernier de son espèce). Donc quand Harold disait s'être vu en Krokmou, je pensais qu'il avait vu, tout comme lui, un outsider, quelqu'un mit à part par les autres de par ses différences. J'ai toujours aimé mon interprétation et la garderait tout autant.
Étant parvenue à remonter le moral d'Harold, ce dernier va aider les autres adolescents à gagner la confiance des dragon servant aux entraînement afin de rejoindre le nid des dragon en espérant qu'il ne soit pas trop tard pour eux. Il est quand même un peu tard puisque, loin de tomber sur un nid bourré de dragon (d'ailleurs la phrase de Stoïk « Quelle qu'en soit l'issue, ce combat sera le dernier ! » est plutôt sombre et classe), les vikings sont tombés sur la Mort Rouge (d'ailleurs il m'a fallu plusieurs années pour comprendre que, non, ce dragon ne s'appelait pas un Tornougarde). Stoïk et Gueulfort s'allient afin d'attirer l'attention de l'immense dragonne, et c'est là qu'arrivent les adolescents et leurs dragon.
A ce moment là du film, les intrigues n° 1 et n°2 n'existent plus. Elles prennent ici la forme d'une résolution fusionnée : Harold et les autres vont utiliser tout ce qu'ils ont appris pour essayer de combattre la Mort Rouge en alliant et les choses qu'ils ont fait à l'entraînement, et les choses que leurs apprend Harold.
Harold de son côté, tente de récupérer Krokmou dans les bateaux en feu mais n'y parvient pas. C'est finalement son père qui va l'aider et lui dire, avant que ce dernier ne s'envole, qu'il est fier d'avoir Harold pour fils et est désolé pour tout. Harold semble heureux d'entendre ça et part pour combattre la Mort Rouge avec Krokmou. En plus, c'est assez beau puisque des hordes entières de dragon et un peuple de vikings ne seraient pas parvenus à combattre cet animal : seuls y parviennent Harold et Krokmou, en duo efficace. Et c'est là que le film fait encore plus fort, c'est à dire prendre énormément de petits détails disséminés le long du film afin de montrer comment tuer la Mort Rouge :
-Gueulfort qui explique qu'il faut viser les ailes et la queue : Krokmou et Harold s'attaquent aux ailes ;
-Lors du premier test de vol, Krokmou ne peut arrêter sa chute libre qu'en étendant les ailes, ce qui avait l'air très incontrôlable : ils décident tous les deux de faire la même chose avec la grande bête et la faire foncer vers le sol de cette manière ;
-Krokmou jouant avec un Terreur Terrible en lui envoyant une boule de plasma dans la bouche quand ce dernier est prêt à enflammer le gaz (on apprend par Gueulfort qu'un dragon souffle du gaz avant de l’enflammer) : Harold et Krokmou, sans réellement se concerter, savent que c'est le meilleur moyen de mettre mal la Mort Rouge ;
-Harold et Astrid volant dans les nuages, ce qui montrait la limite de visibilité : Harold dit à Krokmou de disparaître dans les nuages.
Tout ceci amène à un combat impressionnant, puisque là encore, on est en vue quasi-subjective avec Harold sur Krokmou, et on nous montre bien qu'à une certaine vitesse, voler sur un dragon n'est pas une partie de plaisir mais est très instable. Il y a aussi un plan que j'aime énormément c'est quand la Mort Rouge se met à tournoyer dans tous les sens en envoyant du feu : ça plus la beauté du feu dans ce film, le plan est glaçant tout en étant magnifique.
Enfin, Harold et Krokmou parviennent, grâce à toute cette logique, à tuer l'animal. Seulement, la prothèse de Krokmou est en feu et ils ne parviennent pas à dévier de leur trajectoire, et se prennent la queue immense du dragon (agrandie pour ce plan, on vous a vu les gars).
Les vikings retrouvent alors Krokmou, sans Harold, et on passe évidemment par la case « Le héros est-il mort ou pas ? ». Je dois dire que, pour une fois, ça aurait pu fonctionner avec moi, si quelqu'un au cinéma avec moi ne m'avait pas dit où était Harold (merci maman!). Stoïk reprends alors la phrase qu'Harold avait dit quand il avait réalisé ce qu'il avait fait à la furie nocturne, « J'ai fais ça ». Stoïk réalise que toutes ces années à ne pas écouter son fils et ne pas le comprendre ont mené à le perdre. Mais, surprise ! Krokmou avait protégé Harold qui est vivant ! Stoïk remercie Krokmou d'avoir sauvé la vie de son fils, et au lieu de l'appeler « démon », comme plus tôt, il l'appelle simplement « dragon ».
On retrouve Harold se réveillant dans sa chambre et OH MON DIEU IL A PERDU UNE JAMBE ?!
Alors, en vrai à l'époque je m'en fichais, c'est impressionnant ce qui ne nous étonne pas quand on est jeune. Mais maintenant, je peux pleinement apprécier qu'un film d'animation donc, dans la tête de la plupart des gens, destiné aux plus jeunes, ose montrer un personnage avec un tel handicap physique. Certains diront « Ouais ça ne sert à rien c'est juste pour se donner bonne conscience » alors que là encore, la boucle est bouclée, puisque quand Harold tente de marcher, Krokmou l'aide et la caméra nous met un plan sur l'aileron de queue manquant de Krokmou. Les deux ont perdus une partie de leur corps et doivent la compenser avec un mécanisme. Un applaudissement pour Dreamworks et leur envie de faire ça.
Donc, tout va pour le mieux, les vikings vivent maintenant avec les dragon, et tout le monde a réalisé que ce qu'il leur fallait, c'était un peu de Harold. Ce jeune homme, qui semblait si différent de tous, était en fait ce qui manquait à tous : la compassion envers les dragon. Le message du film est vraiment magnifique, de montrer que la différence d'Harold était en fait sa force et que, lorsqu'il l'a montré à tout le monde, ils ont arrêté de se moquer et se sont rendu compte que, pour mieux vivre, ils avaient en fait besoin de cette force, de cette différence. C'est vraiment un message qui m'a touché personnellement ces 10 dernières années.
Autre chose, chaque personnage a accompli un chemin ! En effet, Astrid commençait un peu comme une antagoniste envers Harold et finit plutôt comme une confidente (voire pluuuus). Le père d'Harold ne l'écoutait pas assez et passait son temps à vouloir un autre fils : c'est en acceptant le fils qu'il avait vraiment qu'un vrai dialogue a pu s'instaurer. Tous les adolescents ont eu leur moment de gloire pendant le combat. Et, évidemment, Harold a réussi à convaincre tout le monde que les dragon n'étaient pas des monstres, et il a pu créer un nouveau monde dans lequel il avait totalement sa place. Même Krokmou passe d'un dragon acceptant peu que l'humain l'ayant blessé l'aide au dragon sauvant son ami dans les flammes.
Le film conclut sur une ligne du bouquin que dit Harold, que le peuple de Berk possède des dragon, et sur une image des deux volants ensemble.

En bref, vous l'avez sûrement compris, je trouve ce film parfait à tous les niveaux. Sa structure est parfaite et extrêmement satisfaisante. D'ailleurs, contrairement à de nombreux films d'animation, il n'y a pas d'humour inutile, et donc rien à jeter. Ses personnages sont appréciables et ont de vrais cheminements. La musique est exceptionnelle (j'en ai peu parlé mais à part dire ça je ne saurais pas trop quoi dire). Le tout est... parfait.
Ce qui fait le point fort du film est évidemment le lien entre Harold et Krokmou : la façon dont les deux se rencontrent, s'apprivoisent et ce qui montre qu'au final, ils avaient tous les deux besoin l'un de l'autre. L'amitié interdite est évidemment un thème récurant dans les films mais ici je la trouve véritablement magnifique et parfaitement faite du début à la fin.
Enfin, le film utilise cette idée afin de montrer qu'il faut combattre les préjugés : ceux contre Harold qui est différent, tout comme ceux sur un autre peuple.
Ce que j'aime aussi dedans c'est que le film aurait pu partir dans un tout autre délire : Harold, sous la pression de ceux de son village, ses camarades et son père, part en quête personnelle pour tuer un dragon et y parvient. Or, ce n'est absolument pas ça qui se passe et c'est terriblement satisfaisant. On ne donne pas raison au village mais bien à Harold, pour être différent, pour avoir eu de l'empathie, de la tendresse envers une espèce jugée comme inférieure.
Ce film est un vrai petit bijou et restera toujours un de mes préférés. Je l'aimais tellement à une époque que je voulais le voir quasiment tous les jours, ce qui fait que je l'ai vu au moins 250 fois en moins d'un an. Et pourtant je ne m'en lasse toujours pas parce qu'il reste exceptionnel, même 10 ans après.

Miellez
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le 12 déc. 2022

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Miellez

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