Dream System
5.1
Dream System

Film DTV (direct-to-video) de Steve Barnett (1991)

Dans le camp des bisseries inconnues du commun des mortels, Brain Slasher (aka Dream system pour l’exploitation française), a tout du projet obscur dont le titre déclenche des émotions variables d’un individu à l’autre. De la banale indifférence à la curiosité la plus aiguë, le pitch d’un tel film a de quoi laisser sur le carreau, tant il semble bancal. L’ayant découvert dans ma jeunesse (une VHS du marché au puce sans étiquette à qui il manquait les 20 minutes du début (j’en ignorais donc le titre) et que je n’espérais jamais revoir un jour…), la (re)découverte d’un tel objet avait de quoi susciter de l’émotion, et pour tout dire, je n’ai pas été déçu du voyage.


Avec un tel pitch, le film a de quoi se faire aimer par les bisseux, puisqu’il s’attaque à un sujet remarquablement ambitieux : la perception de la réalité. Certains films sont devenus des chefs d’œuvres en abordant ce thème avec classe (Matrix, L’antre de la folie…). Et Dream system commence par poser des bases tout à fait stimulantes. En représentant d’abord la réalité virtuelle comme de simples images qui n’ont rien d’aguicheur, le film se calque sur le point de vue de notre protagoniste principal, pour qui le monde réel consiste en ces quelques minutes de réveil où elle prend des pilules d’alimentation, où elle chie un coup une bouillie liquide (avec ce qu’elle bouffe, difficile d’imaginer autre chose comme excréments) et où elle retourne se connecter à la machine. Une existence assez frustrante dans la mesure où notre personnage ne se conforme pas au système mis en place (principalement parce que sa volonté refuse de s’y soumettre) et sait qu’il existe un monde extérieur. L’organisme chargé du contrôle des rêves décide alors de la bannir de son domicile. Elle se réveille alors au cœur d’un désert, fréquenté par des humanoïdes cannibales atrocement défigurés par la pollution du sol. Cependant, un des survivants du cataclysme ayant entraîné la disparition de l’espèce humaine (quelques uns ont pu survivre dans un complexe militarisé : le monde de l’intérieur (d’où vient Judy) alors que le reste a été livré à leur instinct de survie. Et le survivant, c’est Bruce Campbell (yeah !). Le film promet alors un univers plutôt riche, même si, budget oblige, on ne verra pas la moitié de ce qu’il nous promet.


Cependant, les thèmes sont là : l’humanité ayant réussie à se préserver par l’isolation se réfugie alors dans des réalités oniriques par crainte de faire face à un lourd passé qui a complètement bousillé la planète et une grande partie de ses habitants. Mais ce film fantastique change carrément son fusil d’épaule en milieu de film, en faisant capturer nos héros par les troglodytes cannibales, vestiges d’humains pourri au fil des générations par la pollution et les radiations. Et il devient beaucoup plus hard que la bisserie sympathique qu’on attendait ! Si Bruce Campbell est condamné aux travaux forcés, Judy sera destinée à être la mère des futures générations de cannibales, adeptes d’une secte sanguinaire dont le chef viendra ajouter un petit plus au registre sentimental du film. Avec des maquillages approximatifs mais efficaces (les mutants sont crédibles) et nanti de quelques effets gores plutôt réjouissants (le mixer humain, les larves des fanges, les quelques combats…), cette petite bisserie affiche de belles intentions, même si au niveau des thèmes, la fin faiblit carrément. En effet, on se doutait depuis le début que cette expérience était peut être une tentative de manipulation faite par la machine à rêve, mais une telle révélation a pour conséquente de détruire l’embryon de réflexion sur le refuge des vestiges de l’humanité dans une réalité virtuelle. Enfin, on sera dubitatif quant à l’ouverture que propose le film, mais passons, son corps principal est un vrai bol d’air pour un petit budget qui s’assume finalement comme tel et qui parvient même à divertir. Les prestations moyennes des acteurs et le kitch des décors importent peu, Brain slasher est un film post apo sympa qui vire au trip claustro avec une ambiance plutôt dense pour un projet de ce gabarit. Plutôt étonnant !

Voracinéphile
7
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le 6 déc. 2015

Critique lue 745 fois

2 j'aime

Voracinéphile

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