C'est de l'ordre de l'anecdote, mais j'ai trouvé ça très drôle de trouver une filiation au "Inception" de Nolan dans cette série B à la frontière entre les genres (fantastique, science-fiction, aventure, horreur, thriller) dans laquelle le réalisateur britannique a manifestement pioché pour son film.
Bon, il faut quand même se taper la musique proprement abominable de Maurice Jarre quand même, les années 1980 suintent de tous les pores de "Dreamscape", c'est une petite épreuve que de parvenir à faire abstraction de cette concentration de mauvais goût. Mais si l'on y arrive, même si on constate une certaine limitation dans le budget de production qui ne permet pas au scénario d'être exploité correctement à la hauteur de son potentiel, il y a quand même pas mal de bons points.
Ce qui a trait au thriller, il faut jeter. Les méchants dont l'opération est commandée par Christopher Plummer sont vraiment en carton, des personnages sans existence propre, des figures qui deviennent maléfiques lorsque le bon moment est arrivé et rien d'autre — il y a éventuellement David Patrick Kelly qui est correct en matière d'interprétation, sa gueule va très bien à son rôle de sale type. En outre, tout le délire autour du président est vraiment maladroit, avec une paranoïa toute états-unienne en sous-texte, puisque les bad guys veulent le tuer juste parce qu'il fait des cauchemars d'holocauste nucléaire (avec des images qui pourrait faire penser à "Terminator 2") et qu'ils risquent de le pousser à faire la paux avec l'Union soviétique. Bref, pas la plus subtile des paraboles politiques.
Par contre, c'est du côté du carburant de science-fiction que "Dreamscape" vaut le détour. L'équipe de Max von Sydow a mis au point une machine permettant de pénétrer dans les rêves d'une personne endormie, et même si je n'ai pas tout compris en détail, c'est Dennis Quaid qui s'y colle (après une séquence de persuasion bien bateau) (quelques jours après "The Big Easy", je vais commencer à développer une dépendance) car monsieur est télépathe, visionnaire, et quelques autres capacités prises au premier degré (il s'en sert pour parier sur des courses de chevaux, c'est dire s'il manque d'inspiration). Les effets spéciaux sont moches, bien entendu, on se marre devant le rêve érotique ou ce cadre en perte de libido qui rêve que sa femme se fait tringler par son frère devant ses propres enfants hilares, mais avec ses filtres orange qui tachent et son cœur arraché, les visions cauchemardesques procure des sensations très bizarres, fantastiques et horrifiques avec cet homme serpent dans la tête d'un enfant. Il y a du "Altered States" de Ken Russel là-dedans, sans doute aussi du Wes Craven dans "Les Griffes de la Nuit", il y avait de l'idée. Il aurait juste fallu enlever beaucoup de gras, c'est-à-dire toutes les courses-poursuites soporifiques et les hommages un peu gênants comme cette scène où le méchant se prend pour Bruce Lee dans un rêve du président dans lequel il se bastonne avec le héros Quaid. Une curiosité.