Je suis très client du cinéma de Samuel Fuller, avec cette énergie, cette appétit de filmer comme si sa vie en dépendait (notamment ses films de guerre, magnifiques), mais "Dressé pour tuer" est peut-être ce que j'ai vu de mieux de sa part, c'est bouleversant !
Le film est un terrible constat sur le racisme ambiant, sous couvert d'un chien de combat dont on s'apercevra plus tard qu'il a été dressé pour s'attaquer aux Noirs.
De façon détournée, mais de manière très forte, Fuller s'attaque à l'antisémitisme, à la violence rentrée qui s"attaque à notre société, et tout passe dans le regard de ce chien, qui parait doux, mais cache en fait un animal bestial, voire sanguinaire (sublime scène où il revient chez sa maitresse tâché de sang après avoir attaqué une personne Noire).
D'ailleurs, la réalisation de Fuller est encore une fois très nerveuse, et si le manque de moyens peut se faire sentir, ça ne l'empêche pas d'élaborer des plans lourds de sens (notamment celui où le chien attaque et tuer un Noir dans une église, en dessous d'un vitrail de Saint-François d'Assise, représenté avec son chien).
Mais, de façon plus cruelle, ce que raconte le film, c'est que le Mal ne disparait jamais vraiment de nous, que nos pulsions peuvent nous révéler notre vrai Moi, peu importe si on nous remet sur le droit chemin.
Si le chien est très bien, les acteurs sont un peu en dessous, comme Kristy McNichol, mais Paul Winfield apporte une vraie bouffée d'air car il est celui qui va tenter de "transformer" le chien, bien qu'il soit Noir, comme dans une thérapie.
Si on ajoute à ça une très belle d'Ennio Morriconne, on a droit à à un film fabuleux, de ceux qui marquent, car il signifie bien plus qu'il ne veut le dire.