Le fait que Ryan Gosling (qui a le charisme d'un poulpe) et Carey Mulligan (qui a le charisme d'une moule, en plus d'être la Michelle Williams du pauvre) soient mono-expressifs doit être voulu. Mais ça m'a donné vraiment le sentiment de voir un film de Sims. Même physiquement les deux acteurs principaux ont les gueules des blondinets déshumanisés du jeu de Maxis (surtout pour Carey, d'ailleurs, c'en est franchement effrayant).
Limite ils auraient pu les engager sur la série suédoise "Real Humans" pour incarner des bots, ça aurait parfaitement collé avec un peu de maquillage pour leur donner un rendu plastique.
C'est aussi un peu poseur, avec des allures de clip, et parfois un usage de la musique un peu ringard, destiné à cacher la misère du scenar : je pense notamment à cette scène inutile où Gosling part en virée avec sa voisine et son fils, et comme les personnages sont totalement pauvres,n'ont rien à se raconter, et aucune relation à développer, on accompagne leurs émois sentimentaux avec de la musique et on les montre heureux, en train de sourire béatement ensemble, et de faire des ricochets sur l'eau comme dans une pub de l'ami ricoré, l'ami du petit déjeuner.
Le film a aussi les allures d'une fable, les personnages sont des archétypes de conte de fée dégénéré, avec quelques trouvailles étonnantes qui créent un énorme décalage avec le contexte urbain, sombre et violent du film, notamment l'usage vers la fin du film de cette musique digne de la belle au bois dormant, qui pour le coup est utilisée brillamment dans une scène où le héros achève sa mutation en monstre psychopathe assoiffé de sang, en se déguisant avec un masque m'ayant rappelé l'horrible Point Break :
http://www.youtube.com/watch?v=tg0jOpr1Uhk
Après,globalement le film ne m'a pas enflammé, mais j'ai été plutôt positivement surpris dans le sens où je m'attendais à voir un navet chiant et frimeur (c'est la raison pour laquelle j'ai mis si longtemps à le matter), et ce malgré un début de film inquiétant (les scènes de rencontre/les pistes scénaristiques ouvertes pour rien, genre l'hypothèse de devenir un coureur automobile). Au contraire, j'ai été surpris par le minimalisme de beaucoup de scènes, la maîtrise du rythme et de l'ambiance, mais dommage que le scenar soit aussi indigent, en réussissant à compliquer et à rendre confuse une intrigue de mafieux, et de vengeance pourtant simpliste, soutenant des personnages totalement anecdotiques, désincarnés et donc pas franchement intéressants (surtout du côté des méchants), ce qui en fait à mon sens un petit polar tout à fait sympa, assez stylé, pas du tout désagréable, mais rien de transcendant non plus.